mercredi 19 décembre 2018

Un Noël en forme olympique

Qu’il est bon de faire des ronds et des ronds loin de l’agitation de la foule en cette semaine avant Noël. S’échapper sous les étoiles et glisser. Se prendre pour un pingouin olympique et s’entraîner.

Parce que, oui, je vais être hyper affûtée pour Noël. Le marathon des cadeaux à la dernière minute, c’est une manie chez moi. Je ne sais pas si c’est l’adrénaline de ne pas deviner à l’avance si oui ou non, je vais arriver à tout boucler avant de me retrouver propulsée devant une dinde aux marrons à me noyer dans mon verre pour essayer de faire passer chaque bouchée ou si c’est la promiscuité avec un tas d’inconnus qui sont dans la même situation que moi.

Ça doit être ça, le sentiment d’appartenance à une communauté, celle des têtes en l’air, des jusqu’au-boutistes de Noël, des lutins en pagaille niveau alerte rouge.

Entre nous, si j’avais acheté mes cadeaux en octobre, j’aurais oublié ce que j’aurais acheté voire j’aurais complètement oublié que je les avais déjà achetés et je me retrouverais une nouvelle fois à comparer les coffrets DVD le 24 au matin.

J’aime tellement ça que je m’autorise à me tromper sur des cadeaux pour devoir retourner dans certaines boutiques. Ça me permet de jauger la capacité d’accueil des espaces et la résistance au stress des vendeurs. Si j’avais le temps, je me lancerais presque dans la conception d’un graphique sur le fréquentation de la Fnac ou Décathlon de J-8 à H-3.

Malheureusement pour vous, je vais devoir reporter cette analyse à l’année prochaine. Éventuellement. En attendant, je me creuse les méninges pour trouver les dernières idées et vous souhaite bon courage car mon petit doigt me dit que vous aussi, vous faites partie du groupe « Père-Noël, on aura mérité la plus grosse part de bûche ».


Un Noël en pleine forme

lundi 26 novembre 2018

Congélateur bonjour !

Quand les températures deviennent négatives, je me sens faiblir. 

Je me dis: « C’est pas possible, il est revenu. J’ai tout fait pour lui échapper, mais il est de retour. »

L’hiver. 

L’hiver et son vent glacial. 

Pourtant, j’ai essayé de me conditionner. J’ai profité au maximum des derniers jours de l’été indien. Je me suis dit « attention, bientôt il va falloir sortir les pulls, les manteaux, les chaussettes en laine … ». J’ai eu un discours intérieur d’une intensité dingue.

Et puis il y a eu mercredi. Mercredi et son -1°C. L’impensable était arrivé. J’ai sorti les grands moyens. La bouillotte. 

Je ne sais pas vous, mais ce froid, ça me donne une faim de loup. Rectification. À chaque fois que j’arrive au dessert - c’est à dire trois fois par jour en comptant le goûter -, j’ai une folle envie de gâteau. Je pense « moelleux », je pense « réconfort », je pense « tendresse du palais ».

Il est évident que je ne pense ni « bajoues » ni « réserves hivernales ». De toute manière, à l’extérieur de mon pull, on n’y verra que du feu.

Par exemple, ce midi, je me suis laissée tenter par de la glace au cassis que j’ai faite cet été. Comme il fallait bien l’accompagner parce qu’elle avait l’air un peu triste toute seule, j’ai empiété sur mon fondant au chocolat du petit-déjeuner. Avec ça, je me suis dit que le reste de ma compote pommes-bananes maison irait parfaitement. 

En conséquence fort fâcheuse, je n’avais plus rien pour ce soir. C’était sans compter la multitude de boulangeries à côté de chez moi. Quand j’ai vu cette tartelette aux framboises, je n’ai pu m’empêcher d’oeuvrer pour la bonne cause de mon quota de fruits et légumes journalier. 

Merci l’hiver.

La tentation de la pâtisserie

dimanche 14 octobre 2018

Paris, je t'aime

Il y a des jours comme ça. Tout te parait incroyablement beau, magnifique, extraordinaire. 

La température était parfaite, la lumière, douce et enveloppante. 

Je marchais le long des quais, rive droite. Le bruit des moteurs paraissait lointain et les gaz d’échappement peu polluants. 

La Seine en contrebas chantonnait un petit air de jazz suranné. Sa coquetterie illuminait les pierres qui l’entourent. 

Les lieux vibraient de calme et de puissance. Sorties du quotidien du métro et des rendez-vous vers lesquels il faut courir, ces pierres étaient gravées de mille siècles, mille regards, mille histoires.

En voyant un touriste qui guidait sa femme pour poser devant l’entrée de la cour carrée, je me suis attendrie. Imprudente, je me suis même élancée vers lui pour proposer de les prendre en photo tous les deux. C’était sans compter le bond qu’il a fait en arrière avec les yeux exorbités en me disant « Non! Non! ». 

J’avais oublié que tous les guides insistent sur le côté hautain des Parisiens. C’est vrai que, parfois, on s’oublie. 

Je suis repartie glaner ma légèreté de clapotis et de pavés. Je me suis dit, ça, c’est une journée à la Sempé. Surtout avec cette brume lointaine qui emporte le bout du tableau. Cette brume qui, pour moi, est typiquement parisienne. 

En jetant un coup d’oeil aux bouquinistes, je suis tombée sur un étalage d’aimants représentant les plaques avec les numéros de rues. Ça n’a fait qu’un tour en moi. J’ai eu une envie irrépressible de jouer à la loterie. 

Je me suis rapprochée du stand. J’ai commencé à prendre mon temps en en jetant un, puis un deuxième en l’air. Et j’ai accéléré. Les chiffres volaient dans tous les sens. 

Le bouquiniste ne bronchait pas vu qu’il piquait du nez de l’autre côté, mais des passants s’étaient rapprochés et saisissaient des numéros puis courraient vers les rues les plus proches pour voir à quoi le numéro correspondait, histoire d’avoir un indice sur leur destin. Il y en a même un qui m’a ramené 7 éclairs au chocolat après avoir tiré le numéro 7 qui coïncidait avec une ravissante pâtisserie d’une rue adjacente. 

Je continuais à les envoyer valser dans tous les sens. Qui veut un 8, un 9, un 3, en voilà!!! 

Jusqu’au dernier. 

Jusqu’à piocher mon numéro de chance.
la Seine, les bouquinistes et la loterie du jour


dimanche 16 septembre 2018

Dimanche, 15h20

  • Il est 15h20. Qu’est-ce qu’on visite?
  • Je dois être partie pour 17h
  • Tu veux pas faire ce qu’on avait dit?
  • Si, si…
  • On pourrait aller se promener au parc
  • Oh non!!! Ça, on peut le faire toute l’année!!!
  • Je suis fatiguée
  • On y va ou on y va pas?
  • Tu t’es touchée tard?
  • Je me suis couchée tard
  • On pourrait se prendre un Perrier le long du canal
  • Oh non!!! Ça, on peut le faire un autre jour!!!
  • Et si on faisait visiter notre maison?
  • Trop bien! Je vais préparer un panneau « Entrez, on vous offre le thé »
  • Tu en as ramené?
  • Non
  • Bon, on peut pas faire de thé
  • C’est bien de sortir quand même
  • Ça n’existe pas, le Ministère de la sieste?
  • C’est vrai que ça nous ferait prendre l’air
  • Allez, on se concentre. On pense « Journées ». On pense « Patrimoine ». On pense « Culture ».
  • Tu as arrosé le jardin hier soir?
  • Oui, oui
  • Il faut qu’on se décide, l’heure tourne
  • J’aimerais bien ne pas aller trop loin
  • J’ai une idée!
  • C’est quoi ton idée?
  • C’est quoi?
  • C’est?
  • On va visiter la maison des voisins!!!
  • C’est sûr que c’est la porte d’à côté!
  • Tout le monde est d'accord?
  • C’est parti, on y va!
Nos chers voisins

dimanche 2 septembre 2018

Encore un petit peu

J’étais perchée en haut de mon arbre et ne voulais pas en descendre. On me proposait des bonbons, des patins à roulette, des amulettes. On me disait « Lullaby, allez, viens, c’est l’heure de l’apéro » mais rien n’y faisait.

J’avais le nez dans les feuilles. En manque de verdure, j’en sniffais jusqu’à la sève. J’étais collée à l’écorce pour en sentir tous les plis et replis sous mes doigts. J’avais le coeur agrippé au tronc comme si j’allais m’y fondre et devenir une branche.

Je ne voulais pas retrouver les voitures qui fument aux quatre coins de leur habitacle, les gens qui te bousculent parce qu’ils croient que ce qu’ils vont faire dans quelques stations va leur permettre d’atteindre le bonheur ou mes conversations avec l’inspecteur des impôts pour le supplier de ne pas m’imposer une pénalité à cause de mes oublis.

Hors de question que je quitte mon nid.

La lumière déclinait. Ma peau devint dorée puis la nuit m’embrassa. J’étais devenue la femme koala. 

De loin, un concert commençait. J’entendais des histoires de femmes marins, de voyages, d’amours en peine. Des chants comme des mains tendues. Des chants qui disaient « c’est pas grave, c’est la vie ». 

J’avais fait miennes les racines de l’arbre mais mes branches s’envolaient vers ces paysages. J’étais sur un bateau, à dos de mulet ou ramenant un pied devant l’autre en défiant le sable. Je dansais mon soûl, je me saoulais d’images.

La vie est un voyage.

Je glissai le long du tronc pour arriver dans un bosquet aux mille fleurs couleur caresse.

Sous mon arbre, de la verdure


vendredi 20 juillet 2018

Déménagement

Le peigne?

Eh bien, il me suffit d’enjamber le carton de vaisselle pour prendre appui sur le premier carton de chaussures à côté duquel il y a un sac avec des oreillers. Je rebondis sur le sac sans me tordre la cheville pour atterrir sur la petite valise verte. Je reprends mon souffle.

J’enjambe la pile de valises devant moi puis j’agrippe le lampadaire pour éviter de marcher sur les cartons de verres. Faut que je fasse attention à la pupille de mes yeux, le scanner qui est posé à côté.
À ce stade, trois cartons fermés et non étiquetés me font face.

Vraiment envie de tout ouvrir?
Et si je renversais les shampoings calés avec soin? Que j’écrasais les tomates posées avec délicatesse ? Que je défaisais le montage assiettes-sopalin fait avec précaution?

Je bascule sur une jambe pour prendre appui sur la table et me regarder dans le miroir.

Allez, on va dire que les noeuds dans les cheveux mouillés, c’est pile la tendance de l’été. Vive la plage ! Les bleus! Le soleil! Le sport! La joie! La farniente! Les courgettes! Enfin tout ce que vous voulez, mais surtout … vive les cartons pleins!

La pyramide de Gizeh, à côté de mes cartons, c'est de la rigolade

jeudi 28 juin 2018

Au paradis des glaces

J’étais en pleine recherche sur les couleurs quand j’ai découvert que le caméléon ne changeait pas de couleur en fonction de son environnement, mais en fonction de son état émotionnel*. 

Stupeur. C’est comme si, depuis des années, je marchais dans un long couloir en béton que je détruisais régulièrement pour trouver d’autres chemins et que, tout à coup, j’arrivais sous un néon bleu ciel qui grésille et sur ma droite, une porte. Bleu électrique. Bleu hypnotique. Celui qui t’appelle.

Révolte. Encore une fois, on a voulu me faire croire que le monde était dur et sec, sans place pour le flou et le mou et là, j’apprends que ce sont les émotions, le fluctuant qui est à l’origine.

Excitation. Subjuguée par cette spontanéité de l’expression chez les caméléons, je décide de les ériger en modèles et pars me balader.

C’est là que j’aperçois mon ami Edmond le caméléon qui marchait tranquillement se faire embarquer sur la plateforme d’un monte-meubles. L’angoisse et le vertige le saisissent. Lui qui commençait à avoir chaud vire au bleu et vert. Il grimpe sur le piano qui poursuit son ascension, se cramponne aux touches du clavier. Les soubresauts le font hoqueter sur les notes. Voilà qu’à chacune d’elles, une nouvelle pointe de couleur complète ses nuances. De la plus aigüe à la plus grave, il voyage à travers l’arc en ciel.

Edmond expire sur un do majeur quand une énième secousse l’éjecte. Il effectue un vol plané jusqu’au trottoir d’en face. Par chance, il transperce le store du marchand de glaces et atterrit la langue dans le melon, les pattes avant dans le citron, les pattes arrière dans le maracuja et la queue dans le cassis.

Je me précipite vers lui pour être sûre qu’il n’a rien de cassé et lui demande pourquoi il est de la couleur de toutes ces glaces, ce qui ne confirme pas du tout ma découverte.

Là, il me répond qu’il est tellement heureux d’être de retour sur la terre ferme et d’être rafraîchi qu’il se laisse envahir par ces saveurs qui ne font qu’une bouchée de lui. 


*L’étonnant pouvoir des couleurs de Jean-Gabriel Causse

Après l'effort, le réconfort