jeudi 19 juin 2014

Quand tu pars à Barcelone – entrée en matière


1/ Tu oublies de voyager incognito

Dès le 1er pas dans l’avion, je me rends compte qu’il m’est impossible de me fondre dans une foule d’Espagnols en plein délire moderniste catalan.

Déjà parce que la plupart des voyageurs sont des dignes représentants de noceurs français enterrant leur vie de garçon. Ensuite, parce qu’à la 8ème rangée, je croise une tête connue qui me présente une autre tête puis une autre tête amie d’amis à une autre rangée.

Des lunettes noires format mouche myope ne suffiraient pas.


2/ Tu t’échauffes avant

Je veux rencontrer Miro.

Non partie pour ressusciter les morts, c’est à la fondation créée en son honneur que je me rends. Quelle idée de la placer au sommet du Montjuïc ! Après, si jamais il est enterré là-haut, c’est sûr qu’il doit bien profiter de la vue.

Je gravis la colline à deux à l’heure. J’en suis à ma 2ème pause quand je vois une petite mamie descendre allègrement le chemin. Je me dis que si elle le descend, c’est qu’elle a dû le monter. Je ne peux décemment pas renoncer.

Ça, c’était ce que je pensais avant d’arriver au bout de mes peines et de comprendre que la petite mamie était montée non pas à pied, mais par le funiculaire. À moins qu’elle ne s’entraîne pour les Jeux olympiques. Ou qu’elle n’ait une tendance vicieuse à aimer regarder les marcheurs-grimpeurs cracher leurs poumons.

Le Montjuïc, c’est pire que le Sacré-Cœur.


3/ Tu parles catalan

L’Art, ça creuse.

Après avoir valsé avec les sculptures en balais et couvercles de poubelles colorés de Miro, il est grand temps de faire une pause snack et d’admirer le paysage.

L’ardoise annonce des petites spécialités qui, ma foi, feront plus que l’affaire. Je lance un « hola » sympathique au patron puis, mon espagnol étant limité, m’enhardis à lui demander s’il parle anglais.
« No »
Tout va bien. Je réfléchis.
« Patatas bravas por favor »
Je pense qu’avec ça, il devrait comprendre. Sinon, je ne vois vraiment pas comment me débrouiller.
« No »
« …. ????!!!!!!..... »
Face à ma réaction muette, il me montre différents paquets de chips. Je capitule en entendant « paprika ».
« Beguda »
BegudaBegudaBeguda… Pour sûr, il ne me demande pas de lui prêter un ou deux bigoudis. Peut-être si je veux autre chose… Je tente.
« Euh… limonada… ? »
Avec ce dialogue, je m’épate moi-même. J’ébauche un début de sourire quand il me tend un … Fanta citron.
« Oh… Muchas gracias… »
« Adéu »

En fait, pour parler catalan, il faut en dire le moins possible.


4/ Tu arrives le ventre vide

Pas certaine de pouvoir encore réciter la liste des tapas proposés un peu partout dans la ville tellement celle-ci est longue.

Je commence évidemment avec tous les mets à base de pomme de terre, chorizo, jamon iberico and co. Arrivant rapidement – pour ne pas dire en 1 jour – à l’étroit dans mon slim, je passe aux calamars et poulpes. Plus light ? Pas tant que ça finalement.

La morale positive de l’histoire : l’huile d’olive étant bonne pour la santé, je devrais dorénavant avoir une santé d’enfer.

Tu veux partir incognito? Vas plutôt manger des tapas
L'échappée catalane

jeudi 5 juin 2014

La brocante du printemps


Lasse d’emplir mes poumons de pollution, je sors de Paris les emplir de poussière. Le lieu idéal ? Une brocante.

C’est la pleine saison. Elles bourgeonnent sur tous les champs de foire, places aux statues commémoratives et terre-pleins centraux. Un printemps sans brocante, c’est un peu comme un mardi gras sans crêpes. Tu as beau te dire chaque année que tu vas éviter, que tu as mieux à faire, ça te tombe dessus sans crier gare et tu fonces en plein dans le mille.

Le mille, dans une brocante, c’est la buvette. Je m’y précipite dès mon arrivée pour m’imprégner de la couleur locale. Ou plutôt de l’odeur locale. Merguez.

Un  petit coup dans le nez, j’adopte mon œil (vitreux) le plus expert, mon air de fine connaisseuse qui n’y touche pas mais qui fait mouche et me lance dans la première allée venue.

Tiens donc, une collection entière de blagues Carambar depuis la Seconde Guerre Mondiale ??! Chapeau, Monsieur, chapeau !

Une Barbie unijambiste affublée d’une cornette de bonne sœur.

Un tabouret sans siège… Tu crois que c’est un trône ?

Soudain, une voix d’enfant me distrait de ces merveilleuses découvertes.
« Maman !!!! Le prix du grand disc, là, c’est marqué 75F. C’est dans quel pays, que c’est, les F ? »
Je laisse ce petit qui semble avoir besoin de quelques éclaircissements socio-économico-historiques à ses ancêtres et poursuis ma promenade dominicale.

Qu’est-ce que c’est que ça… « Meubles. Fabrication artisanale. 100% carton » À peine le temps de finir la lecture de la pancarte qu’une femme me vient vanter l’excellence d’un mobilier tout en carton.
« Justement, pour mon jardin… »
« Ah, mais, Madame, de ce côté, nous ne sommes pas encore au point… Comprenez bien qu’en cas de pluie… »
« Ah… »

Les yeux pleins de mirages pseudo éternels bloqués dans un espace temps parallèle, je m’en vais bredouille.

Tout en carton, mobilier fabrication artisanale