mardi 18 décembre 2012

À la conquête d’un pull


Plus la température approche de 0°c, plus je mets à sac mon armoire à la recherche de la perle rare. LE pull chaud. Et non, ce n'est pas un pléonasme car quand j'écris "pull chaud", je pense à une seconde peau cocon, à un véritable doudou (sortable, je précise). Me voilà donc face à un constat: je n'ai rien à me mettre! Certains diront qu'il s'agit là d'un constat fréquent émanant d'un esprit féminin, mais je recommande de ne pas écouter ces détracteurs qui n'ont, apparemment, pas les yeux en face des trous.

Premier critère à établir: la matière. L'hiver est en effet la période où l’on devient de véritables pros des matières. On retient tout du moins les plus efficaces l’espace de quelques mois. J’oserais presque dire qu’on atteint une expertise qui bat des records puisque l’on devient même capable de dire que du viscose n’est pas du coton autrement que par la simple évidence qu’il est écrit « viscose » et non « coton » sur l’étiquette. J’ai donc en tête le Saint Graal nommé cachemire. Ô mon îlot de douceur et de chaleur… Oups, j’ai failli avaler de travers en décryptant les chiffres de l’étiquette. Il est bien sûr un point à préciser : plus le cachemire est doux, plus son prix pique les yeux. En revanche, la douceur d’une étiquette – quelque soit la matière – est souvent proportionnelle à la fraicheur de l’air qui passe à travers les mailles… À défaut de cachemire, on opte alors pour la laine. J’entre dans la sphère des pulls qui grattent, grattent, grattent…

Chaud veut-il dire gros ? Non pas que je me refuse - certains jours où les stalagmites trônent sur le rebord de ma fenêtre - la « bibendum attitude » ou le genre « je suis équipée pour les descentes de ski en pleine ville, mais ne me regardez pas comme ça !». Cependant, bien d’autres jours, je me trouve assaillie par une question existentielle : comment concilier températures glaciales et élégance ? Il va de soi que l’option « fourrure polaire » est cantonnée aux « jours maison où je ne reçois personne » dans l’hypothèse où j’aurais l’incongruité de m’acheter une fourrure polaire autrement que pour la neige…

Souvenons-nous un instant qu’on est pâles comme des cachets en cette saison d’UVs lointaines. Le style consiste donc à chasser la fadasserie de l’hiver et partir à la recherche de couleurs à « l’effet bonne mine ». Dur dur le choix de la couleur… Encore plus quand un même modèle est proposé en 10 ou 15 couleurs différentes. Le marketing d’un certain magasin japonais en vogue aura notre porte-monnaie, je le sens… Je me laisse également tentée par le genre tricot d’hiver, rennes à l’appui…

Mais d’ailleurs, le pull est-il vraiment LA solution ? Un gilet ne pourra-t-il pas être plus pratique ? L’air passe sans doute entre les boutons à bien y réfléchir… Et pourquoi pas une robe pull ???




samedi 17 novembre 2012

À l’ombre de mes nuits


Il y a des chinoiseries qui se promènent sur le clair obscur de mon plafond. Pas de noir complet. Les diodes rouges orange réveillent le silence. Jamais rien ne s’arrête. Le temps, ce sont les pointillés qui clignotent, ce sont les minutes qui se succèdent. Toujours une de plus. Il y a des reflets sur un miroir. Je crois qu’il vit la nuit. Lac vertical cerné de bois, je pourrais y passer le bras. Voir si j’atterris au coin d’une grotte. Déjà j’aperçois les cailloux, gris et plats.

À l'ombre de mes nuits, il y a des rêves d'amour dans les vieux films en noir et blanc. Il y a des pièces, des chambres, des appartements qui se promènent. Il y a des portes qu'on ouvre et qu'on ferme. Des images qui claquent.
Je tourne la tête. J'entends le trou de la serrure. J'avance vers le monde derrière.

À l'ombre de mes nuits, les heures sont longues et moelleuses. Elles piquent les yeux. Elles sont désespérantes et douces. Elles courent après des nuées d’idées.

LE livre de chevet

mercredi 7 novembre 2012

À tâtons


Emprunter ses yeux à l’aveugle pour saisir le monde et ses énergies.


mardi 23 octobre 2012

Where is my mind?


Faire des recherches à but précis mais passer plus de temps à lire tous les articles originaux qui tombent sous la main.

Sortir un stylo vert du tiroir. S’en servir. Le ranger. Chercher son stylo vert. Le sortir du tiroir. S’en servir. Le ranger. Chercher son stylo vert. Le sortir du tiroir. S’en servir. Le ranger. Action en boucle, nombre d’heures indéfini.

Partir courir sans musique. S’en apercevoir arrivée au parc, évidemment.

Mettre un beau petit plat bien appétissant au four. Trouver qu’il y a une vague odeur de brûlé assez proche 1h plus tard.

Essayer de se concentrer, de se rephaser dans le temps, et penser que les vacances de Pâques commencent à la fin de la semaine.

Esprit, es-tu là ?

lundi 15 octobre 2012

mercredi 3 octobre 2012

Question de perspective


À partir de quand se sent-on pris dans le tourbillon du temps ?

                  Quand, lors d’un festival, un regard autour de vous donne l’impression d’être la baby-sitter de milliers d’adolescents. Réaliser qu’on n’est plus du tout une ado.


                 Quand, après une journée bien chargée, vos yeux crient sommeil à 23h. Peut-être avez-vous encore du mal à vous remettre de la soirée de l’avant-veille ?

                  Quand, en plus des questionnaires administratifs, des gens se permettent d’utiliser « Madame » au lieu de « Mademoiselle » à votre égard. Ça, c’est le pire du pire. Pour qui se prennent-ils ceux-là ? Est-ce que je leur dis « Bonjour, vieux croutons », moi ?


Stop aux rides du cerveau, envoyez les malabars !


 Le duo de jouvence

lundi 17 septembre 2012

La pilule du bonheur


Un mot
Une aire de repos
Une couleur
Un parfum de lavande
Un air de saxophone
Une photographie en sépia
Un pull angora
Une caresse
Une pièce
Une ville
Des empreintes dans le sable
Des empreintes dans le béton
Une impression
Un péché mignon
De la poudre
De la poudre un peu plus compacte
De l’illusion
                 Du nouveau
                                       Du beau
                                                       Du bonheur
                                                                                    De la poudre plein les yeux  
Celle-là est pas mal... surtout sur la balance

vendredi 7 septembre 2012

Septembre. Déjà ?


Adieu chapeau de paille, mini short et parasol. Revoilà le monde qui décolle !

Mais ne serait-il pas judicieux de garder du sable plein les poches histoire de ne pas être déphasé trop rapidement ?

Après tout, pourquoi adopter une grise mine quand on peut encore surfer sur la vague des vacances ?

Tout est une question d’imagination et de transposition. Par exemple, ces cris d’enfants que vous entendez à heure fixe dès le matin proviennent très certainement de la cour de récré de l’école maternelle un peu plus loin. Mais pourquoi ne pas se faire un peu de bien en pensant que vous êtes sur la plage et que ces cris émanent d’enfants qui jouent à se courir après pour savoir lequel ira se baigner en premier? Le moindre détail qui pouvait vous faire grimacer lors d’une méditation estivale peut désormais vous paraître enchanteur ! Vous allez voir, vous finirez par réclamer que ces enfants vous envoient des pelles entières de sable alors qu’ils construisent un château à côté de votre serviette.  Si, si. Tout est une question de point de vue.

Une fois avoir considéré une rentrée en douceur possible, il est grand temps d’aborder la première étape – pour ceux qui l’auraient incidemment laissée de côté début juillet. Cette première étape porte le terrible nom de « gros rangement ». Faire le vide. Oups. Est-il possible que le rangement d’un seul et unique tiroir me prenne un jour entier ? Non pas que je sois lente, mais il me semble que j’ai une capacité incroyable à collecter un tas de choses dont l’utilité semble tout à fait relative… Je dois certainement avoir tous les masters et doctorats possibles dans la gestion positive du « on ne sait jamais, ça peut servir ». Pourquoi devrais-je jeter des tickets de métro violets déjà usagés, des places de cinéma et de théâtre des dix dernières années, ou encore des billets de train d’il y a cinq ans…?

Il est vraiment temps d’arrêter cette mise à sac et de repartir les premiers week-ends de septembre !
Ou bien de trouver d’autres activités moins tendancieuses, la vie ou la mort d’un ticket semblant un sujet trop grave à aborder pour moi. Par exemple, remplacer l’écriture de cartes postales les mains poisseuses de crème solaire par celle de lettres au destin, les mains ferventes d’incantation...


vendredi 29 juin 2012

La joie des vacances


Quel mot agréable à l’oreille que celui de « vacances » !

En l’entendant, on a l’impression que les cloches du bonheur se sont mises à sonner. Cela est, bien entendu, valable pour tous sauf pour les stakhanovistes qui se sont immiscés parmi vous ou qui, il faut bien l’avouer, sommeillent parfois en nous. Dans ce dernier cas de figure – et sans pour autant pencher vers la schizophrénie - je vous recommande des incantations au dieu du travail, STAKHA, dîtes lui NO, je veux et peux VIvre sans toi: pendant un temps, je ne veux plus croire en toi, je deviens athéiSTE. Ça devrait marcher.

Alors à vous, le soleil, la plage ou la montagne ! Bikini ou chaussures de randonnée. Air pur ou métropole cosmopolite. Les pieds en éventail – cela dit entre nous, très difficile à réaliser au sens propre du terme – ou courant dans les rues de Shangaï.

Voici votre désir le plus fou de ces derniers mois qui se concrétise : vous mettre au vert et lever le pied. Farniente, Farniente, Farniente !!!!! Doucement bercée par le hamac, la brise et le chant des grillons, je souris en ton nom.

« Sur l’autoroute des vacances, c’était sans doute un jour de chance… » la la la, on la connaît par cœur celle-là.

Mais avant toute chose, il existe un obstacle périlleux. L’épreuve fatidique d’accès à ce bonheur prend forme sous le nom explicite de « semaine des réservations ». À bien y réfléchir, parler de « semaine des réservations» au singulier me semble peut-être un peu présomptueux…

Quiconque s’est déjà frotté à l’organisation d’un voyage sait qu’il vaut mieux porter sa première attention sur le transport plus que sur l’hébergement (on trouve toujours où loger ; au pire des cas, le sable est un duvet très ergonomique). Ne possédant pas de voiture et le train étant moins onéreux que l’avion, on en découdra avec le réseau ferré et toutes ses offres très sympathiques après s’être attaqué au plus gros en premier. Tout commence donc par une ruée sur les vols low cost. Ceci est un véritable travail de stratège. Les principales compétences requises sont vitesse, efficacité et incrédulité (face aux soi-disant « affaires »). Les questions fusent : faut-il passer par les intermédiaires low cost que sont les sites comparateurs de prix ou faut-il sauter cette étape et directement effectuer ses recherches sur les sites des compagnies mêmes? Se ressourcer, est-ce découvrir trois capitales en six jours ou faire trempette sous les cocotiers ? Serait-il possible que les vacances qui nous paraissent idéales nous épuisent ou nous ennuient en réalité ?

Faute d’échanges rapides avec vos compagnons de voyage, s’ensuit une phase de flottement. Vous êtes entré dans le mois et demie avant la date de départ et avez passé la ligne rouge des réservations idéales. Les jours s’enchaînent à une vitesse effrayante et, au lieu des prix, c’est votre moral qui baisse. Ces petits malins ont décollé avec les avions !
Vous êtes alors confronté au dilemme suivant : réserver un vol aller de 11h37 avec escale à Tanbouktou pour aller je-ne-sais-où ou attendre la dernière minute sachant que les compagnies préfèrent remplir leurs avions et que des places pourraient potentiellement être bradées.

Il faut bien y réfléchir car, dans la première solution, le retour est moins long puisqu’il ne dure que 8h53 avec escale à Ne-passe-pas-par-moi, et que, dans la deuxième solution, les voyages tout compris de dernière minute peuvent paraître extrêmement avantageux pour des cadres au salaire moyen de 3500€, mais moins pour des petites jeunes écervelées demandant juste un rayon de soleil et un bon bol d’air dépaysant !

Il est temps d’envisager des solutions de repli.
Pour ce qui est de la destination, partir moins loin en est un exemple. Chercher Charlie dans le désert sera pour une année plus faste.
Pour ce qui est du transport, je me demandais si mon permis de lama était valide en Aquitaine parce que l’avantage est que ces petites bêtes sont habituées à l’altitude dans le cas où on descendrait un peu plus vers les Pyrénées…

Attention, deux lamas sont signalés au niveau de la bifurcation vers l’autoroute des vacances. Ils semblent hésiter à se reposer sur la bande d’arrêt d’urgence. Nous revenons vers vous dès que nous avons plus d’informations à ce sujet.

dimanche 24 juin 2012

Cassez la voix


Le début de l’été commence de manière incertaine. Le jour de la fête de la musique. Sans doute est-ce le contraire (la fête de la musique qui est fixé au jour de l’été), mais ça ne m’arrangeait pas dans mon récit. Je disais donc que l’été commence le jour de la fête de la musique.

Jour au temps très hasardeux. Chaque année, on est en débardeur à 10h (j’avoue ne pas avoir pu vérifier cette année, ma nuit ayant été matinale), on passe l’après-midi à regarder l’orage déferler (on évite d’avoir le mauvais goût de se trouver sous la grêle) et, quand il est l’heure de sortir, disons vers 18h, on enfile deux pulls. Dialogue surpris au passage : « Vous ne mettez qu’une petite laine et un pull ? – C’est que vous avez mis une chemise de corps, vous…» Vous voyez, tout le monde est au courant de la stratégie thermique à adopter en ce jour précis.

Ensuite, on rejoint ses amis aussi emmitouflés. Là, commence la vraie fête de la musique. J’ai nommé la « Randonnée dans Paris ». Les quais de Seine sont un décor très sympathique pour l’occasion. Un peu bruyants, certes, mais ils ont le mérite de ne pas vous demander de réfléchir au chemin comme de vous faire profiter des gammes d’une multitude de musiciens du jeudi. C’est parti, un peu de rock, un peu de folk, du jazz par ici, du manouche par là. Oh, du blues ! Tiens, là, c’est un quartette avec invité ou un quintette peu équilibré ? Oh la la, mais quelle voix !!!!! J’adorerais avoir cette puissance vocale !

Quelques heures plus tard, ce n’est vraiment plus la puissance de la chanteuse que vous aimeriez avoir, mais rien qu’un filet de voix. Même pas de la sienne. La vôtre suffirait amplement, on n’est pas très exigent. Tout ça parce qu’il faut bien chanter au moins une fois le soir de la fête de la musique. Et quand c’est parti pour une fois, c’est parti pour toute la soirée. D’où la voix d’un macaque en fin de vie quand vous essayez de répondre à votre voisin qui, lui, a non seulement économisé ses cordes vocales mais avait surtout pensé à prendre une écharpe. Plus il essaye de vous faire parler, plus vous le haïssez.

Avec vos acolytes, vous finissez votre randonnée sur le Pont des arts, accoudé sur un accordéon, le menton dans un saxophone, dodelinant de la tête sur quelques airs qui vous ont entrainé et dont vous vous rappelez le plus… ceux du début de soirée je pense ?

Le lendemain, vous ré-adoptez le cri de guerre de tous les Parisiens : j’ai hooooooooo-reur de la fête de la musique !


vendredi 15 juin 2012

Mary Poppins – retour et plagiat


J’ai une boîte en carton rayée blanche et verte avec un couvercle tout vert.

Cette boîte en carton, c’est un peu comme ma petite maison. Une petite maison aux mille surprises. J’y mets tout ce dont j’ai besoin et tout ce qui me touche doit y faire un tour. Je préviens d’ailleurs mes amis qu’ils risquent d’y passer un jour. Je vous assure qu’elle a une contenance extraordinaire. Il ne faut pas avoir peur de cette petite boîte, elle est mon amie, mon alliée, ma confidente.

Je suis sûre qu’elle voit tout ce qui se passe autour. Elle a des yeux cachés. Des amandes rayées.

C’est une petite boîte très intelligente. Elle connaît la notice de tous les médicaments qu’elle loge et a lu tous les carnets de voyage et livres de poésie que je lui ai prêté. Même Aragon ne l’a pas intimidée, elle est folle d’Elsa à son tour. La dernière fois que j’ai écouté son cœur battre, j’ai cru comprendre qu’elle désirait ardemment découvrir la Colombie. J’ai eu beau la réfréner, lui faire comprendre qu’on pouvait être kidnappé comme un rien là-bas, elle m’a répondu que, dans sa vie de carton, mourir détrempée par une pluie tropicale était une solution qu’elle envisageait. Elle a du apercevoir la lueur d’angoisse qui est passée dans mes yeux car elle s’est empressée de me rassurer en me disant que ce n’était pas pour tout de suite. Moi, je la trouve plutôt en forme ma petite boîte.

Elle s’entretient avec des rubans de toutes les couleurs et des miroirs de toutes les humeurs. Elle écrit ses mémoires avec de l’encre que je lui donne. Elle fait l’Espagnole avec des castagnettes. Avec mes radios, des fois, elle s’invente même un squelette …

Elle veille sur mon petit monde qui est devenu son petit monde comme une maman poule couve ses œufs.

Supercalifragilisticexpialidocius, voilà un nouvel ami!

samedi 9 juin 2012

Un jour ici

Comment fait-on pour vivre une déception ?

Comment font-ils tous ces gens qu’on croise pour continuer à marcher ? Droit ou non. Je pense aux gens que je connais et reconnais différentes méthodes.

Il y en a qui passent sous silence l’événement qui les a attristés. Certains le font par pudeur qui pourrait bien être mélangée à de la fierté: les gens n’ont pas besoin de savoir, cela ne regarde que moi. D’autres vont même jusqu’à s’inventer une vie, une vie où tout se passe tellement bien, voire si extraordinairement bien pour eux que personne n’est dupe mais tout le monde les écoute en rêvant à ce que leur vie aussi ressemble à un tel récit. On finit presque par oublier qu’on n’y croit pas de manière à mieux s’affliger en se trouvant pitoyable de verser une larme pour telle ou telle chose quand d’autres ne sont jamais confrontés à des situations pénibles. Quand on commence à croire à la fable de l’autre, notre réalité est terrible.

Il y en a d’autres encore qui crient haut et fort leurs petits malheurs quotidiens. Tellement banal, c’est un mode de vie, un peu comme Les malheurs de Sophie avec un nombre illimité de chapitres. On est à la page 312, mais on sait que la prochaine fois qu’on verra la personne en question, on aura passé la page 329. Ça s’accumule. On connaît tout de ce qui lui est arrivé, de la fois où il a insulté une grand-mère en pensant que c’était un gangster à la fois où il s’était déjà vu déchiqueté par les piranhas parce qu’il avait oublié d’emporter les rames de son canot qui tanguait dangereusement, laissé à la dérive. C’est un sujet de conversation tellement vrai qu’au fond, il ne trompe pas. Lui aussi, comme le premier, quémande une attention particulière. Attention qu’il obtient, qui lasse, qui déclenche une certaine empathie. Plus que la première méthode.

Moi, je ne sais pas, j’ai oublié ma notice.
J’hésite entre marcher pendant des heures, jouer à saute-moutons, mâcher le plus de chewing-gum possible pour faire un concours avec moi-même, tourner les bobines de mes vieilles cassettes audio jusqu’à ce que les marques des petites roulettes en plastique restent imprimées sur le bout de mes doigts, et découper tous les tissus qui me passent sous la main pour en faire de faux origamis. Ou faire tout ça en même temps.
Ou boire une petite coupe et souffler ma déception dans une bouteille que je jetterai dans la Seine. Elle arrivera jusqu’à la mer. Je le sais. Le vent la portera.

L'air du large sent bon la liberté

lundi 28 mai 2012

La saison des touristes

Ca y est, des envahisseurs aux nationalités diverses et variées ont débarqué. Quelques signes avant-coureurs me l’avaient bien fait remarquer, mais j’en ai réellement pris conscience ces derniers jours.

Il y a d’abord eu ce jour où, ayant du temps devant moi et voulant savourer le soleil radieux qui nous surplombait, j’ai souhaité éviter le métro pour me rendre à pied à un autre endroit de Paris, ce qui me faisait une petite ballade d’une heure environ. « Quelle idée ! », me direz-vous. En effet, « Quelle idée ! » me dois-je de reprendre. D’une part, j’ai eu droit à un brushing naturel extra résistant grâce à un vent force 4 que j’avais sous-estimé. D’autre part, il a fallu que je me mette dans la peau d’une championne de slalom pour parcourir la rue de Rivoli sur presque toute sa longueur tellement les arcades attiraient les touristes à l’affût d’un Paris à la Dumas ou d’un béret brodé d’une tour Eiffel.

Il y a ensuite eu ce jour où j’ai passé une heure debout dans un métro bondé à un horaire suspect : 15h. En plein milieu d’après-midi, je suis quasiment sûre d’avoir ma petite banquette en temps normal. Mais surtout, j’étais entourée - pour ne pas dire encerclée – par tout un groupe d’Australiens. J’ai pensé que ceux-ci devaient certainement être là depuis quelques jours grand minimum car ils n’avaient pas l’air si fatigués. J’ai toujours imaginé que, vu la longueur du vol, un Australien arrivant en France devait souffrir d’un décalage horaire assourdissant. Eux étaient en forme si je m’en fie à leur débit, et même en pleine forme si je m’en fie à leur volume sonore. J’ai donc cru que j’allais, moi aussi, faire preuve d’ingérence et m’asseoir sur leurs valises en équilibre instable qui menaçaient de m’écrabouiller les orteils et me meurtrir les tibias à chaque secousse. Me concentrer pour lire mon Jean Teulé releva du défi.

Il y a enfin eu ce matin où, par pur hasard, je traversai la cour carrée du Louvre pour me rendre Rive gauche. À peine avais-je esquissé quelques pas en longeant la pyramide que je crus être poursuivie par une horde de paparazzis. Je me dépêchai alors de mettre mes lunettes de soleil et de baisser mon chapeau sur les yeux quand la dizaine de cars garés me fit comprendre que je me retrouverai vraisemblablement sur les innombrables photos de vacances d’ « amis » japonais…

Une décision s’est imposée : à partir d’aujourd’hui et ce, pendant quelques mois, je vais m’employer à éviter les lieux touristiques. Ce que j’aime Paris…

Face aux obstacles terrestres, prendre de la hauteur

vendredi 18 mai 2012

Une école de patience


La bonne idée que de donner des cours particuliers pour se faire un peu de sous ! J’ai d’abord pensé que ça pouvait être plus enrichissant, intellectuellement parlant, que bien d’autres petits boulots alimentaires. Ça me ferait revoir les bases dans plusieurs matières (autant proposer large pour avoir plus de chance d’obtenir des propositions de cours), des cas allemands, base de la base de la pyramide grammaticale germanique, aux figures de style obscures qui apparaissent une fois par siècle dans une certaine littérature française élitiste en passant par la conjugaison anglaise. L’enthousiasme me portait tellement que j’étais prête à me mettre à la chimie et à apprendre le tableau de Mendeleïev recyclé en brouillon dès la première seconde de la première heure du premier jour où on me l’avait remis entre les mains il y a un peu plus de quelques années, à croire que Saint Einstein s’était absenté de la classe ce jour-là. Comme tous les autres jours d’ailleurs. Ceci étant une autre histoire, vous pouvez cependant remarquer à quel point la fibre pédagogique (parler de « tentation » m’a semblé un terme légèrement trop exalté) s’était emparée de moi. D’autant plus que cet aspect pédagogique amènerait une expérience humaine ne relevant pas de l’animation.

La question qui s’est posée après des lendemains de cours qui déchantent est la suivante : Pourquoi, ô combien pourquoi, mon enthousiasme joue-t-il constamment au sprint quand mon sens de la réalité tente miraculeusement de le suivre de loin, rouge comme une tomate et essoufflé comme un diable d’avoir crié et envoyé moult signaux de précaution au premier ?
On ne va pas se fatiguer à essayer d’y répondre, c’est de nature, je pense.

Certes, cela me permet de revoir certaines bases. Je réussis notamment à trucher aux moments où je suis censée expliquer une notion oubliée en faisant diversion : tout en m’indignant du fait que mon élève n’ait pas encore eu de leçon claire à ce sujet par son professeur, je me dépêche de trouver la leçon en question dans son manuel scolaire… Mais, en définitive, donner des cours particuliers revient purement et simplement à de l’animation. Je retire donc ce que j’ai dit plus tôt. Je peux vous assurer que je suis mise à rude épreuve quand je m’épuise de dynamisme face à mon élève de 2nde piquant du nez devant une leçon sur l’accord du participe passé, ne s’étant décidé à se coucher qu’après une partie de PS3 d’environ 7h la veille au soir ou que je m’épuise de patience devant ma petite élève de CM2 qui trouve bien plus intéressant de choisir la couleur de ses stylos que de recopier un tableau vite fait bien fait pour passer aux exercices. Pour le coup, j’ai été prise à mon propre piège car j’avais coloré le fameux tableau exprès pour le rendre plus attractif et c’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle elle a bien voulu le recopier à ce cours et non au cours suivant. Tout ça pour être payée au lance-pierre par les organismes qui mettent en place une véritable compétition de rapidité entre les différents professeurs pour accepter un cours. Il n’est pas non plus négligeable d’ajouter que certains parents se sentant seuls peuvent trouver en vous une bonne poire d’oreilles…

Alors, plusieurs fois par semaine, je prépare gaiement mes cours. Chargée de ma panoplie de professeur, je pars de chez moi pour me métamorphoser, au final, en super baby-sitter ou assistante sociale bénévole… Saint Einstein, venez moi en aide !


Une petite piqûre de rappel pour vous réchauffer le cerveau ?

samedi 12 mai 2012

Et rond, et rond…


Tourner en rond est une activité des plus intéressantes qui soit.

De temps en temps, il m’arrive de m’adonner à cette pratique à mon insu et, ma foi, elle présente des particularités qui lui confèrent tout à fait sa place dans le panthéon des « Choses à vivre - parce qu’elles s’imposent à vous » (à ne pas confondre avec celui des « Choses à vivre - parce qu’elles méritent d’être vécues).

N’est-il pas considéré comme une preuve de sagesse que de se relire, de revenir sur une idée, de tourner un problème dans tous les sens pour en percevoir les moindres nuances ? Si, bien sûr.

Mais, comme les meilleures plaisanteries ont une fin, il me semble qu’il est ici question de mesure, et donc de la quantité de cercles que l’on effectue pour repérer le moment où, d’un acte plein de soi-disant bénéfices, on passe à l’overdose. Parce qu’il faut avouer que si, au début, tourner en rond titille les nerfs, ça les met complètement en pelote à la fin. Vous avez conscience qu’un bouton ne veut plus s’enclencher, qu’une vis a vrillé, et que vous êtes voué à en faire le tour sans en apercevoir la fin, délivrance quelconque plus qu’invoquée. Fini le camaïeu pastel à la Turner, vous voilà embarqué dans un manège Pop Art au rythme infernal, et le malaise arrive : vous avez le vertige et la vue qui se brouille car tourner en rond, c’est bien ne plus rien voir. 

Un petit tour et ça repart

mardi 1 mai 2012

La campagne, ça vous gagne

Liberté, égalité, fraternité ! Bien sûr qu’il faut aller voter. Faire un tour du côté des urnes, la fleur au fusil, voire avec une fleur et sans fusil. Si la politique n’est pas mon dada, il y a quand même un candidat que je porte, l’autre que je ne supporte, et d’autres encore aux propos invraisemblables dans notre belle petite République. Mais ça, c’est une autre histoire et je ne sens pas d’enflammer ma rhétorique à des fins politiques, d’autant plus que je m’égare car si j’en venais à évoquer l’entre-deux tours, je pensais plutôt à l’entre-deux tours de bicyclette rythmant les séjours elliptiques à la campagne.



Là-bas, tout n’est que brume, calme et pureté.
La verdure chante dans les jardins.
Le muguet rit dans les sous-bois.
Les bottes de foin poussent dans les prés.
Les haies chenillent dans le bocage.

Là-bas, tout n’est que pureté, brume et calme.
À l’ombre du platane, où l’été je me pâme,
J’ai planté quelques iris, magnolias et lys ;
Ayant pour seul soucis d’effeuiller les doux trèfles,
C’est d’un sommeil d’enfant que chaque soir je m’endors.

Là-bas, tout n’est que calme, pureté et brume.

Arrêt image.
Le mot « brume » me fait réaliser à quel point le paysage décrit ci-dessus devenait un peu trop idyllique… J’aime la rosée, certes. Cependant, je pense qu’il s’agit d’une autre manifestation de la nature quand elle se transforme en déluge chronique. Serait-il trop hardi de parler de pluie incessante ? Mais ce que j’aime à la campagne, c’est que tout a une explication. Il suffit qu’on me parle de lune rousse et de saints de glace pour que j’enfile un énorme pull informe et un K-way avec entrain, ou que je me réfugie sous la couette, un bouquin dans les mains, plongée dans une nuit qui dure des journées. Alors, je regarde par la fenêtre pendant des heures et me laisse emporter par le crépitement de la pluie, la danse des arbres et le débordement de la rivière. C’est mon petit côté Chateaubriand.

Les champs de colza m'ont toujours paru très évocateurs

samedi 21 avril 2012

Un café sur terre


Qu’est-ce que j’aimerais apprécier le café certains jours…

Outre le fait de ne pas partir à un rendez-vous important avec la batterie de mon téléphone clignotant la mort, ça me permettrait d’avoir moins de phrases psychédéliques me traversant la tête.

Et aussi de ne pas me focaliser sur les jambes des passants, imaginant la ville comme une fourmilière grouillante. Parce que quand le serveur arrive et que je le dévisage comme s’il était le roi des fourmis, je sens dans sa réaction une certaine vague d’incompréhension-d’impatience-d’angoisse.

Puis, ça me fait revoir ma théorie comme quoi les réveils où j’entends plusieurs de mes chansons préférées à la radio annoncent des jours exceptionnels. Parce qu’aujourd’hui, c’était le cas et je ne vois vraiment pas ce qu’il y a d’exceptionnel… À part peut-être que j’ai l’impression d’être un poisson dans son bocal.

Quelques gouttes tombent. Je m’imagine alors ébauchant les premiers pas d’une chorégraphie, chantonnant « I’m singin’ in the rain » jusqu’à ce que je reçoive une cinquantaine de grêlons en pleine figure. Giboulées de mars, qu’ils disent…

Garçon, un café s’il-vous-plaît !

Faut bien retomber sur terre.


dimanche 15 avril 2012

Touche à tout, va !

Je ne sais pas si, de manière inconsciente, j’aime me faire rappeler à l’ordre, mais je trouve qu’il y a parfois de quoi se poser des questions. J’ai quelques exemples en tête, plus ou moins significatifs, qui démontrent un certain goût pour l’aventure, tout du moins un comportement quelque peu chevaleresque dans notre société bien codifiée.

Prenez par exemple cette fois où je me suis retrouvée perdue au beau milieu de ce dédale capital qu’est le Louvre. Îvre de lassitude, j’errais de salle en salle, tentant un sourire à des momies en fines bandelettes, un clin d’œil à des Romains aux cuirasses scintillantes. Je me rappelle avoir contemplé un certain temps le plan d’Alexandrie. Mais à force de rester plantée 20 minutes devant chaque panneau explicatif (le petit à côté de chaque œuvre, ce qui est plus inquiétant que les grands à l’entrée de chaque salle devant lesquels je ne me permettais que de loucher deux ou trois fois en faisant des mouvements d’avant en arrière, mouvements qui ont effrayé certains touristes si je me souviens bien) sans en comprendre le moindre sens m’était venue en tête une question qui m’apparut comme cruciale : que faisais-je ici à 9h23 un dimanche matin, lendemain d’un dîner auquel j’avais été invitée de manière un peu hasardeuse et au cours duquel j’avais dû contrer mon ennui en me réfugiant… (les éléments refaisaient peu à peu surface) près du bar? Me revinrent alors à l’esprit des bribes de conversation et à la bouche les goûts de divers cocktails. Pourquoi ce con de Machin-chose m’avait-il dit que rien ne valait une visite au Louvre un dimanche matin car seuls quelques touristes égarés peuplaient le palais ??? C’est drôle, je n’avais pas trop mal à la tête, même pas du tout. Par contre, il faut avouer que j’avais plus l’air d’une girouette que d’une statue… Soudain, je fus secouée par une prise de conscience atroce. Et si Machin-chose n’était pas parti se coucher comme toute personne normale, qu’il était venu avec moi (je n’exclus pas la possibilité de « black-out », on n’est jamais assez prudent quand on essaye de reconstituer la réalité) et que je tombais sur lui entre deux papyrus … ??! Après quelques œillades consciencieuses à gauche puis à droite qui parvinrent à me rassurer, je m’aperçus qu’Hermès enlevait sa sandale juste devant moi et me suis dit que s’il se mettait à l’aise, j’avais bien droit moi aussi à une petite pause. Les grammes d’alcool circulant en moi ont tellement agi sur la gravité que je me trouvais assise par terre, la tête posée contre le mollet d’Hermès - qui n’avait pas trop l’air de m’en vouloir cela dit en passant - , les paupières lourdes, quand un magistral coup de sifflet me coupa le souffle et signa la fin de mon quart de seconde hellénistique. Le gardien me mit à la porte de l’aile, me gratifiant d’ « un touche à tout, va ».

Rentrée chez moi et après un jour et demie de sommeil, j’étais toujours sous le choc culturel. C’est vrai, la culture n’est pas qu’une randonnée éprouvante dans un musée. Alors je décidai de m’y mettre moi aussi. Je remontai les pots de peinture qui nichaient dans la cave et après une théière et la moitié d’une poule en chocolat, je tenais mon concept artistique. J’allais élaborer quelque chose entre Verlaine et Godard, entre Basquiat et Dubillard. Quelque chose de simple en définitif. Si tous les murs intérieurs eurent l’honneur de mon inspiration, je décidai de ne pas m’attaquer aux murs extérieurs, pensant qu’Haussmann m’en aurait peut-être voulu. Et puis les pots se sont vidés, remettant en question mon idée même d’art continu. Je me fis la réflexion que peindre sur les murs n’était pas très pratique pour illustrer des chroniques. Il faut y penser à ça. Parce que si je continuais sur cette voie, il allait falloir qu’à chaque nouvelle chronique, je découpe un bout de mur pour le placer dans mon scanner afin de l’envoyer dans mon ordinateur, sachant que le poids de la pierre risquait d’écraser la vitre de mon scanner et il était donc à supposer que je doive racheter un nouveau scanner à chaque nouvelle chronique. Une chronique par semaine devenant synonyme d’un scanner par semaine, je tirai la conclusion que le jeu n’en valait pas la chandelle. Ma décision prise, je me dirigeai vers une boutique où je pouvais trouver tout un matériel de peinture convenable. Face à la montagne de pinceaux, éponges, gommes arabiques bariolées, papiers de diverses épaisseurs que je retenais dans mes mains, la vendeuse s’empressa de me demander ce que je faisais dans la vie. Après m’être dérobée de manière plutôt brumeuse de cette intrusion dans mon intimité, elle conclut notre fausse conversation par un « Hum, touche à tout, quoi ».

Décidemment, on ne se refait pas.

D’ailleurs, pour contrer toute supposition de collaboration numérique avec un illustrateur mystérieux, j’offre ici un plaidoyer grandiloquent pour la reconnaissance de mes droits de crayon comme de mes droits de pinceaux.
Un véritable démenti ; j’en fais une histoire personnelle.
Il était temps de remettre les pendules à l’heure.
Ca se voit bien que ce n’est pas vous qui manquez d’avaler de l’eau pleine de peinture à chaque fois que vous pensez avoir attrapé votre tasse de thé !

Mon atelier a l'allure modeste

vendredi 6 avril 2012

Rencontre avec un lapin


Lullaby : Vous pourriez vous excuser, quand même !

Le lapin : De quoi ?

Lullaby : Eh bien de rentrer dans les gens.

Le lapin : Mais je ne peux pas rentrer dans les gens où je suis….

Lullaby : Vous créez des embouteillages, c’est pareil. Vous êtes un lapin provoquant l’admiration, voilà tout.

Le lapin : Qu’est-ce que vous voulez, on ne se refait pas.

Lullaby : Et d’une arrogance sans nom, qui plus est !

Le lapin : Tu as quel âge, petite ?

Lullaby : Lapinetto, il est très inconvenant de demander son âge à une femme. Et ne m’appelle pas « petite » pour la simple et bonne raison que je suis au moins 8 fois et demie plus grande que toi.

Le lapin : Alors, ma p’tite dame, tu t’appelles comment ?

Lullaby : pffff… Ô rage , Ô désespoir… ah, euh, pardon. M’appelle Lullaby.

Le lapin : Tu chantes ?

Lullaby : Non, mais j’enchante. Et toi, lapino, comment te nomme-t-on ?

Le lapin : Dans le temps, on m’appelait le Lapin flingueur. Aujourd’hui, d’un côté de l’océan, on m’appelle The Great Rabbit, de l’autre, plus loin dans les terres, L. Le Maudit. Je vais te dire quelque chose, ma petite. Si j’ai perdu mon accent sicilien, faut pas me prendre pour un canard sauvage non plus.
Enfin, ici, Lapin, c’est mon nom de famille. Mais tu peux m’appeler Arsène.

Lullaby : Tu es un personnage bien intéressant, lapinou.

Le lapin : Toi aussi, petite.

Lullaby : Ah oui ? Comment peux-tu dire ça ? On ne se connaît pas.

Le lapin : Tu sais, dans ma vie, j’ai brossé bien des portraits.

Lullaby : Et le mien t’en dit long ?

Le lapin : Tu es une anémone au pastel douloureux.

Lullaby : Je ne te permets pas de dire ça, petit lapin ! Tu es affreux de juger sur mon apparence. Pastel douloureux, non mais oh !
Tiens, j’ai une idée. Puisque tu me compares à une anémone, sais-tu qu’ « anémone » vient d’un mot grec qu’on traduit par « fille du vent » ? Non, tu l’ignorais, évidemment. Eh bien parce que tu n’as pas été sympa avec moi, je voudrais que le vent se lève et qu’il souffle si fort dans tes oreilles abasourdies que tu ne sentiras même pas que je t’en aurais croqué une !

Pâques - lapin flingueur cherche l'âme soeur