lundi 25 novembre 2013

À la recherche du livre perdu


Impossible.

Je ne perds jamais mes livres.

Non pas que ma bibliothèque soit des mieux rangées (après, tout dépend de la définition que l’on donne au concept de « rangement »), mais mon intuition intellectuelle va toujours me porter à la recherche du livre qui manque dans ces rangées, ces piles, ces rangées sur piles et autres piles sur rangées. Comme l’intuition féminine pousse certaines à sentir une infidélité, je ressens le défaut de papier. L’absence d’une histoire. La fuite de personnages.

C’est alors que commence une véritable enquête. Où a-t-il été vu pour la dernière fois ? Quand ? Par qui ? Quand ? Qui l’a lu ? Quand ? Quel malotru ne me l’aurait pas rendu ? Quand ????!!!

Parce que prêter un livre, c’est pire que dealer de la drogue. Quand tu prêtes un livre, il y a non pas une mais deux transactions. Tellement heureux de l’aller, certains ont tendance à oublier le retour alors que tu n’imagines pas récupérer la fumée de ton joint pour la rendre à ton dealer. Non, vraiment c’est pire.

Je passe ma mémoire au magnétoscope à coup de rembobinages, d’arrêts sur image, de sauts de chapitres. La tâche devient ardue. Ce livre-là, je l’ai adoré, conseillé et prêté à … laissez-moi réfléchir… à tout le monde. Qu’on se réjouisse de mes conseils, je veux bien, qu’on me prenne pour la Fnac version humanitaire, faut pas pousser.

La disparition est trop récente pour que j’abandonne. Alors, attention, je sors ma loupe…



lundi 18 novembre 2013

L’intimité des voyages en train


Les voyages en trains ne me déplaisent pas. Cependant, à chaque fois que j’en entreprends un, je suis surprise par cette atmosphère d’intimité partagée avec mes voisins les plus proches.

Comme si passer 3h à sillonner les campagnes françaises relevait d’une aventure. Les participants développent instinctivement un lien entre eux, que ce soit de l’animosité ou une certaine connivence, voire de la solidarité. Les voyages en train, c’est une sorte de Hunger Games. La seule différence, c’est une qu’on en ressort vivant. A priori.

Enfin, quand je dis solidarité, le concept est tout à fait limité. Libération de la condition féminine oblige, ne vous attendez pas à voir débarquer un beau gentleman qui propose de monter votre énorme valise dans l’espace de rangement au dessus de votre siège. Entre nous, j’espère toujours. Ça  m’éviterait de me trémousser les fesses devant des inconnus.
Heureusement que ma taille colle à cette condition moderne et me permet d’envoyer valser ma valise là-haut. Il y a parfois des ratés, mais, Monsieur, au lieu de vous plaindre d’avoir été assommé, vous n’aviez qu’à proposer de m’aider ! Vous insinuez que je l’ai fait exprès ??! Ben voyons… Cela dit, votre réaction me donne bien envie de recommencer, en le faisant exprès cette fois-ci.

Le pire de l’intimité forcée arrive dans les vieux ter. Vous savez, ceux qui possèdent encore des compartiments dont on peut fermer la porte. Assis face à face et à force de regards croisés, les passagers se pensent obligés de faire salon.
- Tiens, on va prendre une photo de l’ami.
Je précise que l’ami en question - que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam - est endormi, bonnet enfoncé jusqu’au nez, bouche ouverte, tête renversée sur le côté. À son pur avantage.
- Ça fera un souvenir de tournée ! Il est pas beau comme ça, hein ?!

À bien considérer les choses, je préfère encore l’humour lourdeau de mes musiciens que les regards inquisiteurs de mon voisin de droite qui croit - à bon escient - que j’espionne l’écran de son téléphone portable. Franchement, mes photos à moi sont un peu plus palpitantes.

L’expérience a aussi des aspects positifs. Ayant la fâcheuse habitude de sauter dans un train au moment où le chef de gare en sonne le départ imminent, je ne suis jamais certaine à 100% de m’être embarquée pour la bonne direction. La dernière fois que ça m’est arrivé, j’étais bonne pour le remake de Filles perdues, cheveux gras. J’avais dormi 4h après une soirée, ma tête criait au massacre, peut-être même que des vapeurs d’alcool s’échappaient de mes yeux explosés. Je me suis engouffrée dans le premier compartiment venu. La seule voyageuse présente a relevé le nez de sa compote pour m’observer avec compassion à travers sa frange. Tout ce dont j’avais besoin, elle me l’a apporté comme un oiseau montre son nid à un oisillon: la confirmation que nous nous dirigions bien vers Paris. À  partir de là, elle fut la confidente de mon sommeil d’after-party.

Souriez, vous êtes épiés
Espionnage et scoops dans les wagons

lundi 11 novembre 2013

Qui a dit que le jogging était bon pour la santé?


Certains se colorent les cheveux en rouge. Moi non. Ça ferait trop ton sur ton de la 5ème minute de ma course à au moins 2h après mon retour au repos, temps d’attente nécessaire pour que les rougeurs de mon visage commencent à s’estomper (d’où le mémento suivant : ne jamais prévoir de rendez-vous après une course, ou peut-être plutôt l’inverse, ne jamais courir avant un rendez-vous).

Car, oui, quand on est jeune, il faut entretenir son corps de folie. La rentrée apporte son lot de bonnes résolutions. Je me fixe un objectif de 3 joggings par semaine, ce qui me semble être un bon rythme. Je ne vais pas passer mes journées à limacer chez moi.

Un mois sportif passe, je me réveille, marche, sens une douleur dans la cheville. Curieux.

Le lendemain, apercevant le fantôme de la limace-attitude rôder non loin, je décide d’enfiler mes baskets et de partir pour une petite course. 30 minutes plus tard, parcourant tant bien que mal le chemin du parc à chez moi en boitillant tout en souriant aux voisins, je me dis que ce n’était peut-être pas une bonne idée.

Je compte sur l’incroyable capacité du corps à se remettre des coups durs. Par exemple, un rhume non soigné va durer 10 jours et après on n’en parle plus. Mais là, 10 jours plus tard, ce que j’espérais une illusion de sensation s’avère plus que réelle.

L’équipe médicale et paramédicale est plongée dans une réflexion empreinte de stupeur. Entorse, kyste, fracture de fatigue, ligament étiré… faites vos jeux, les paris sont lancés !

Je marche au petit pas. Viens le jour de l’irm. La secrétaire m’annonce le montant à régler. Cette fois-ci, c’est moi qui déborde de stupeur, à tel point que ma mâchoire inférieure risque de se décrocher. Je me reprends vite en pensant que l’étude de mon cas bizarroïde va faire avancer la science, et lui tends mon chèque comme un don à l’humanité.

Afin d’apaiser les patients souvent angoissés par cet examen, on me remet un casque avec de la musique. Ce qu’ils ignorent, c’est que me faire écouter de la musique classique après déjeuner, c’est comme chanter une berceuse à un petit pour l’endormir. Réveillée brusquement, je n’ai pas la présence d’esprit de me plaindre que ma sieste a été trop brève et que ça ne me dérange pas de rester plus longtemps dans le tube. Ils n’ont qu’à informer les autres patients qu’un problème technique a perturbé mon examen, et qu’il est impératif de le refaire.

Verdict. Fracture de fatigue. Je déglutis quand mon chirurgien me dit qu’il y en a pour 8 mois de consolidation. Pas de sport. Adieu résolutions de rentrée… Pas de talons. Alors… Alors, ça veut dire que je vais officiellement être légitimée à porter mes Uggs tout l’hiver…?


Pas tranquilles.... mon oeil!
cailloux pas tranquilles


dimanche 3 novembre 2013

Le secret du changement d’heure


L’heure d’hiver sur nos cadrans et du potiron dans nos assiettes, voilà l’automne qui prend ses aises.

Qu’est-ce que c’était bien de dormir une heure de plus, rien qu’une heure de plus, l’autre nuit ! Madame la Terre, on ne pourrait pas réitérer l’opération ? Je ne sais pas, essayez de tourner un peu plus vite ou retournez en arrière puis de nouveau en avant ou faites un looping accéléré suivi d’un triple axel, enfin quelque chose. Comme ça, on rechange d’heure, et, aaaaah, quel bonheur ! Mais attention, ne me jouez pas de tour en nous offrant un changement d’heure vers l’heure d’été. Parce que dans ce cas, autant ne rien changer du tout. J’en demande un peu trop ? Mais non, mais non! Je prends soin de mon corps et vote pour le sommeil réparateur, voilà.

Dormir une heure de plus, c’est une invitation à l’hibernation. Hivernation et hibernation ne se différenciant que par une consonne, on sait bien que c’est quasiment pareil sauf que quand on est enrhumé - c’est la saison -, on a plutôt tendance à transformer les « v » et autres compères en « b ». Donc, au lieu de dire à vos amis qu’à l’abroche de l’hiber, bous sortez boins, dîtes tout simplement que bous entrez en hibernation et que les  noubelles technologies, c’est pas bour les chiens. J’en profite pour remercier l’inventeur de l’ordinateur les jours de pluie et de vent sans merci. Ces jours-là, pour le reste du monde, je suis virtuelle. Je milite pour la survie de mes coiffures et le ménagement de mes glandes lacrymales. Je me sens belle.

Quand la présentatrice météo nous rappelle qu’on passe à l’heure d’hiver, c’est un peu le gouvernement qui nous exhorte à refaire fleurir le commerce de chaussettes. Petits mérinos, venez par ici ! Mais non, je ne vais pas vous arracher la peau pour me faire un splendide manteau en mouton – loin de moi cette idée ; tout du moins, on verra plus tard, il ne fait pas encore assez froid – je veux seulement un peu de laine !

Et puis, quand j’aurais trouvé dix nouvelles paires de chaussettes, je m’occuperai de nouvelles bottines. Il se trouve que j’en ai repéré de très jolies à une rue d’ici… Mais je viens de comprendre. Le changement d’heure, en fait, c’est le point clé du plan de relance économique de l’hiver.


On n’est pas bien, là?