vendredi 30 mars 2012

Ah, les courses…


Que j’aime aller au supermarché !

Je prends quelques précautions avant de me lancer dans l’aventure. Surtout une principale : j’évite les heures de pointe. Tout du moins, j’essaie car personne n’est à l’abri d’une telle surprise. Il y a, en effet, des jours de semaine où, à 16h, on se croirait sur le périph à 8h du matin, mais sans carapace de carrosserie. Donc un peu moins agréable.

Je pense qu’il sera utile à toutes les « ménagères par nécessité » que j’évoque la deuxième précaution que je prends. Ne jamais oublier sa montre. Ou son téléphone (en ayant d’avance programmé l’option « afficher l’heure en plein écran »). Mission du jour : passer 15 minutes (grand maxi 20 minutes) dans cette caverne d’Ali Baba.

À bien y réfléchir, la troisième précaution me semble également vitale à connaître. Vitale dans le sens où, cette fois-ci, je cherche à protéger votre corps de tout potentiel désagrément  (même si, en évitant les heures de pointe, vous évitez généralement les mains baladeuses de sympathiques voisins acheteurs… ). Je vous conseille de privilégier les running. Slalomer dans les rayons en talons de 15cm me semble légèrement suicidaire pour vos si jolis pieds qui ne réclament pas tant que ça d’avoir des ampoules. Après, si vous considérez cela comme un échauffement à la course en escarpins, c’est votre problème. Personnellement, le minimum de style correctement exigé me rattrapant la plupart du temps, il m’est régulièrement arrivé de courir dans les rayons pieds nus, mes ballerines ayant eu la charmante idée de se perdre en chemin.

Une fois toutes ces précautions prises, ça roule sur des roulettes ! Celles du caddie, évidemment. Après un choix scrupuleux de votre compagnon de voyage, lui ayant prodigué un soin express (éclaircissement général du teint en enlevant les cartons juchés à l’intérieur, pompage de l’excédent d’huile (prévoir de l’essuie-tout), débouchage des trous en retirant une à une feuilles de salade, fanes de radis, de carottes et autres), vous êtes prêt pour le challenge.

Comme je l’ai sous-entendu, faire les courses se vit mieux quand on fait la course. Cependant, attention aux rayons pièges : gâteaux-chocolat / cosmétiques / produits ménagers (la recherche d’un produit dans ce dernier rayon se solde souvent par la lecture en long, en large et en travers de toutes les étiquettes à portée de main si vous êtes aussi doués que moi).

Puis la queue. Si c’est vraiment une heure creuse grâce à vos supers précautions, la voie est royale. Ça vous évite aussi de ne pas loucher trop longtemps sur toutes les nouvelles gammes de chewing-gum et autres bonbons (marketing, tu auras ma peau) pour arriver en face d’une caissière qui sera, tout comme vous, ravie de la faible affluence.

Pour finir, je vous conseillerais de penser à prendre un sac sur vous, et un sac résistant, car je sors souvent du supermarché le pas léger, fredonnant un air familier, quand, trois mètres plus tard, le sac attrapé à la dernière minute chez moi craque sous le regard amusé de passants bien intentionnés. Et ça, c’est l’heureux cas de figure. La plupart du temps, je repars le sac à main lourd comme un pavé, et les mains pleines telle un équilibriste bravant les lois de l’apesanteur pendant 10 minutes...

Non, vraiment, comment pourrais-je me priver d’un tel voyage en commandant par internet ? Je ne vais tout de même pas participer à mon propre malheur … !


lundi 26 mars 2012

La java des grands jours


La bouche lasse
Le cœur entrouvert
Sur place
Puis quelques pas en arrière
Enchaîner en tourbillon
Espèce d’ouragan
Maîtrise bien brouillon
Mais tout ça, tout ça, c’est du vent.

C’est la java,
La java des grands jours,
La java du grand amour
Qui s’en va.

Le rose aux joues
Le visage clos
Vient la moue
On tourne le dos
Et tout ça recommence
Lumières éteintes
Attention, ne pas oublier la danse
Accepter les étreintes.

C’est la java,
La java des grands jours,
La java du grand amour
Qui s’en va.


samedi 17 mars 2012

Lullaby ou la vie


Avant-propos
Ces débats philosophiques, j’en ai plein le dos.

Repérage du mot
En plus, on cherche des petits mots pour passer inaperçus, genre je me faufile en douce les gens n’y verront que du feu, allez hop je me glisse à tout bout de champ dans les phrases comme un espace, je me fonds dans le moule, mais celui-là est tellement grand en réalité, recèle tant de possibilités, de richesses et d’imprévus qu’il pourrait prendre la forme d’une pochette surprise pour géants. Qu’on se le dise, le mot « vie » a une part d’hypocrisie certaine.

Analyse du mot
Si j’écrivais la vie sans e, elle serait trop courte.
Si je l’écrivais sans i, elle ne serait pas assez incisive.
Et si je l’écrivais sans v, elle n’aurait pas de commencement.

Le mot comme impliquant un contenant
- Terrain vague
- Grand bain
- Monde
- Lune. Pour construire sa vie tranquille, veuillez emprunter l’escalator sur votre gauche, troisième fusée côté droit. Attention, décollage non précisé dans le temps mais spectaculaire ; alunissage (vous ne pensiez quand même pas atterrir de si tôt) plein d’espoir mais peu acclamé sur place. Libre à vous de construire votre vie dans un cratère.

Le mot comme impliquant des acteurs
Surtout ne vous retournez pas, faîtes comme si de rien n’était, mais je crois qu’on parle de vous.

Le mot comme impliquant des notions
- Construction. Notion qui fait peur pour tous ceux qui ne sont pas dotés d’un esprit de maçon. Ou qui ont peur de leurs capacités d’architecte. Au choix. Joséphine étant partie, osez construire sur du rien (pardon, Bashung).
- Projets. En même temps, pas grand chose à dire des projets si on ne les connait pas encore. À relier avec la première notion.
      - Légèreté. Si cette légèreté de l’être peut être insoutenable, elle est cependant bien utile.
NB : Les autres notions se sont fait la malle parce qu’elles ont vu le mot « liberté » arriver et elles se sont senties toutes petites à côté.

Problématique
Alors, soit on voit le grand bassin d’eau trouble et on reste sur le côté, soit on trempe un orteil à marée basse avant de sauter dans toutes les flaques et d’éclabousser les autres de rire et de soleil.

Ce que je dis, c’est que la vie, elle est comme ça. On ne peut pas se tromper du moment qu’on accepte de l’accueillir à bras ouverts. S’amuser et profiter.

Parce qu’on ne peut emprunter qu’un chemin, le sien.

Mots croisés

dimanche 11 mars 2012

Avec le temps, va, tout s’en va


À mon réveil, je me suis regardée dans la glace. Yeux gonflés, premières rides.

Je me suis dirigée vers la fenêtre. J’ai écrasé mon visage contre la vitre et mon esprit dans la contemplation. J’ai vu les nuages qui couraient dans le ciel.

Je suis sortie dans le jardin. Rosiers et fushias avaient leur tête d’hiver.

Je suis sortie dans la rue. Les gens avaient leurs yeux d’hiver.

Je me suis arrêtée devant le marchand de journaux, happée par ces millions de lignes d’encre fraîche qui dansaient devant moi. J’ai vu l’encre se dissoudre sur le papier et se reformer aussitôt en d’autres lettres. J’ai vu l’encre jouer avec l’actualité.

Je suis passée devant le pâtissier, j’ai vu les tartes aux pommes rivaliser de doré avec les Paris-Brest. Je suis passée devant le maraîcher, j’ai vu arriver la nouvelle fournée de betteraves cuites au four. Je me suis demandée si le pâtissier ne se nourrissait que de tartes aux pommes et de Paris-Brest et le maraîcher que de betteraves cuites au four pour écouler leur stock.

Je suis passée devant le fabricant de parquet. L’arbre qui était avant-hier arbre et hier tronc est aujourd’hui planches grossières et sera demain lames de parquet. Je me suis dit qu’un arbre n’avait pas intérêt à être trop sentimental ni trop attaché à son apparence.

Il y a des jours où je n’ai pas tellement d’humour.
Il y a des jours où Ferré chante dans ma tête.

J’ai continué à marcher et puis, au beau milieu de la rue déserte, j’ai remarqué un couple de petits vieux assis sur un banc. Leurs mains fripées tenaient un grand magazine sportif. Ils avaient élu domicile à cet endroit pour quelques heures sûrement parce qu’à les regarder décortiquer chaque article et rire, on aurait dit qu’il ne leur manquait que leur tasse de thé et peut-être aussi un repose-pied.



samedi 3 mars 2012

Comment écrire un roman en 1 mois en 10 leçons


1/ Faire un plan d’action
Parce que pour écrire un roman - même de 30 à 50 pages - en un mois, il faut être sacrément organisé. Enfin, c’est ce que je pense. Il faut avoir une idée claire et précise de la façon dont ces 31 petits jours vont se découper, et surtout se préparer à une vie d’ascète. J’ai en tête l’image d’un moine retiré dans les hauteurs vertigineuses du Tibet et dont la solitude lui permet d’accéder à une méditation infinie. Je m’imagine me lever à 5h du matin, me draper dans une toge couleur du soleil faute que ce dernier ne se soit déjà levé, et parcourir plusieurs kilomètres, gravissant une montagne escarpée, afin d’être éloignée de tout type de civilisation pour enfin trouver une avancée rocheuse dominant toute la vallée jusqu’au bout du bout, où j’élierais domicile pour la journée à venir. Assise en lotus, je sortirais mon ordinateur et mes réserves de Maltesers et de crocodiles. On rembobine. On est encore au début du mois, ça va. Il est 11h55, ça va moins. Je file à la douche, saute dans mes habits, mets de l’eau à bouillir et mon thé à infuser, allume mon ordinateur, passe à la cuisine chercher mon thé, reviens devant l’ordinateur et ouvre Word. Il faut s’y mettre.

2/ Trouver une ligne directrice
Word est ouvert et la page est si resplendissante de blanc que je me demande si ça ne finira pas par me faire des sessions de luminothérapie à force de rester devant sans bouger le petit doigt. Ayant depuis longtemps fait la chasse à tout réveil dont la mécanique serait trop sonore, j’entends un tic tac, mais intérieur. Après avoir descendu mon troisième thé sans me sentir pour autant plus réveillée, j’essaye de me prendre en main. Je maudis les organisateurs du concours d’avoir laissé le thème libre car, en plus de trouver un sujet, il faut que je trouve un thème. Je me demande aussi si la théine ne serait pas plus un dérivé de la morphine que de la caféine. Je cherche toujours une idée brillante. Au fond, si je ne trouve rien, je finirai par inventer une vie palpitante à mon arrière grand-mère.

3/ Faire un plan
Plan d’action, plan d’avenir, tout ça me semble bien plan-plan.

4/ Penser à la récompense
Quand on se fixe des challenges, il faut toujours fixer la carotte au bout du bâton. Et s’il n’y en a pas, il est ultra nécessaire de s’en créer une. Par exemple, si je réussis, je pars en week-end. Enfin, je le ferai plus tard, quand j’aurai le temps, et en attendant, je m’offre un paquet de Haribo. En l’occurrence, il y a une récompense promise au gagnant du concours. Je la mets dans une balance et essaie de voir de quel côté ça penche. Le problème, c’est que ça penche plutôt du côté « pas terrible », sauf que si j’en prends trop conscience, je ne vais rien écrire, alors j’essaie de me persuader que la récompense penche sans hésitation du côté « super génial ».

5/ Réussir une accroche
Trouver une bonne accroche, c’est comme avoir un bon hameçon au bout de sa ligne, sinon, ça ne sert à rien d’aller à la pêche.

6/ Se dire que c’est bien parti et qu’il est donc l’heure d’aller goûter
Après avoir franchi toutes ces étapes cruciales, telle un grimpeur devinant le sommet du col, une pause s’impose. Je me dis qu’il faut être bon avec soi-même en contemplant la brioche aux pralines devant moi. En fait, je crois que je n’ai pas fait que la contempler. Je l’ai bien entamée.

7/ Se dire qu’il faut quand même en mettre un coup
Je ferais bien une sieste mais résiste. Un roman, ce n’est pas si compliqué à écrire. Au fond, ce n’est qu’une succession de pages, plus ou moins remplies. Je réfléchis notamment à adopter la stratégie de la page efficace, celle qui consiste à écrire trois lignes sur la dernière page du chapitre, histoire de gagner de la place.

8/ Penser psychologie
Un roman est surtout une question de personnage(s). L’essentiel est de connaître combien de personnages je mets en scène, ce qu’ils font et ce qu’ils pensent, et quelles interactions ils ont. J’imagine mon arrière grand-mère conversant avec l’Archiduc d’Alagadoue dans un salon de style Bonaparte, pensant avec nostalgie à sa gouvernante anglaise qui lui apprit si bien à tenir sa tasse de thé avec grâce, élégance et délicatesse. J’imagine mon arrière grand-mère défiant le regard des hommes réactionnaires, mini-jupe à l’appui, en se rendant à une manifestation féministe. J’imagine mon arrière grand-mère exploratrice européenne partie à la conquête de la nouvelle Amérique se retrouver dans une tribu indienne l’entraînant dans une danse rituelle au rythme effréné à la limite de l’hypnotique avec l’aide de psychotropes qui l’auront faite entrer dans une transe folle. J’imagine mon arrière grand-mère, recluse de la société, vivant dans un Londres crasseux et terrifiant, complice de Jack l’éventreur…

9/ Ne pas penser psychologie
Ayant vérifié que Jack ne se cachait derrière aucune de mes portes, je reviens à mon bureau, frappée par l’aspect champ de bataille de mes feuilles de brouillon. Je me dis que je n’ai peut-être pas découvert la psychologie de ma potentielle arrière grand-mère en la mettant dans certaines situations. En même temps, notre ami Sartre nous a bien fait remarquer qu’on ne se définissait que par nos actions… Et si je faisais de mon arrière grand-mère un nouveau Castor ?

10/ Se retrouver 3 jours avant la Dead line et se transformer en poule pondeuse
No comment, thanks.