dimanche 16 septembre 2018

Dimanche, 15h20

  • Il est 15h20. Qu’est-ce qu’on visite?
  • Je dois être partie pour 17h
  • Tu veux pas faire ce qu’on avait dit?
  • Si, si…
  • On pourrait aller se promener au parc
  • Oh non!!! Ça, on peut le faire toute l’année!!!
  • Je suis fatiguée
  • On y va ou on y va pas?
  • Tu t’es touchée tard?
  • Je me suis couchée tard
  • On pourrait se prendre un Perrier le long du canal
  • Oh non!!! Ça, on peut le faire un autre jour!!!
  • Et si on faisait visiter notre maison?
  • Trop bien! Je vais préparer un panneau « Entrez, on vous offre le thé »
  • Tu en as ramené?
  • Non
  • Bon, on peut pas faire de thé
  • C’est bien de sortir quand même
  • Ça n’existe pas, le Ministère de la sieste?
  • C’est vrai que ça nous ferait prendre l’air
  • Allez, on se concentre. On pense « Journées ». On pense « Patrimoine ». On pense « Culture ».
  • Tu as arrosé le jardin hier soir?
  • Oui, oui
  • Il faut qu’on se décide, l’heure tourne
  • J’aimerais bien ne pas aller trop loin
  • J’ai une idée!
  • C’est quoi ton idée?
  • C’est quoi?
  • C’est?
  • On va visiter la maison des voisins!!!
  • C’est sûr que c’est la porte d’à côté!
  • Tout le monde est d'accord?
  • C’est parti, on y va!
Nos chers voisins

dimanche 2 septembre 2018

Encore un petit peu

J’étais perchée en haut de mon arbre et ne voulais pas en descendre. On me proposait des bonbons, des patins à roulette, des amulettes. On me disait « Lullaby, allez, viens, c’est l’heure de l’apéro » mais rien n’y faisait.

J’avais le nez dans les feuilles. En manque de verdure, j’en sniffais jusqu’à la sève. J’étais collée à l’écorce pour en sentir tous les plis et replis sous mes doigts. J’avais le coeur agrippé au tronc comme si j’allais m’y fondre et devenir une branche.

Je ne voulais pas retrouver les voitures qui fument aux quatre coins de leur habitacle, les gens qui te bousculent parce qu’ils croient que ce qu’ils vont faire dans quelques stations va leur permettre d’atteindre le bonheur ou mes conversations avec l’inspecteur des impôts pour le supplier de ne pas m’imposer une pénalité à cause de mes oublis.

Hors de question que je quitte mon nid.

La lumière déclinait. Ma peau devint dorée puis la nuit m’embrassa. J’étais devenue la femme koala. 

De loin, un concert commençait. J’entendais des histoires de femmes marins, de voyages, d’amours en peine. Des chants comme des mains tendues. Des chants qui disaient « c’est pas grave, c’est la vie ». 

J’avais fait miennes les racines de l’arbre mais mes branches s’envolaient vers ces paysages. J’étais sur un bateau, à dos de mulet ou ramenant un pied devant l’autre en défiant le sable. Je dansais mon soûl, je me saoulais d’images.

La vie est un voyage.

Je glissai le long du tronc pour arriver dans un bosquet aux mille fleurs couleur caresse.

Sous mon arbre, de la verdure