dimanche 18 septembre 2016

Chronique un peu poussiéreuse

Quand ton propriétaire t'annonce qu'il vient visiter ton appartement dans deux jours:

- ouffffff, j'ai passé l'aspirateur ce week-end

- La poussière... Il y a toujours de la poussière à Paris, non?

- La douche... Les carreaux semblent plutôt blancs.

- Les vitres... Ça serait bien de nettoyer les vitres. Pas le matin même, ça fait un peu trop exprès pour l'occasion. Les nettoyer la veille. Ne pas oublier. Et si j’oublie, ça fera un bon filtre UV. En espérant qu’il fasse beau.

- Ranger la vaisselle. J'avais oublié l'existence de mon torchon pour l’essuyer. Il a une belle couleur! Je devrais le regarder un peu plus souvent.

- Le bordel... Ah oui, le bordel... Le problème, c'est qu'à chaque fois que je range, l'état originel se recréé de lui-même en quelques heures. Ranger puisqu'il le faut, puis sortir pour tout laisser intact.

- Prendre une heure pour m'entraîner à mon plus beau sourire. 

- Arriver zen genre je ne suis jamais à la bourre dans ma vie, le syndrome de la petite ménagère parfaite, prendre soin de mon environnement de vie: une priorité! Le ménage? J'adore faire le ménage!!!! Presque une passion!!! 

baguette magique

mardi 6 septembre 2016

Tour du monde

Ce qu’il est bon de prendre l’avion! 

C’est un de ces voyages plein d’excitation: destination décidée hier, turbulences et atterrissage avec ce qu’il faut de soubresauts pour sourire de soulagement à ses voisins une fois l’avion bien à l’arrêt sur le tarmac. 

C’est d’ailleurs assez drôle, cette connivence qui lie les passagers dans l’attente de leur valise devant un tapis roulant.

En revanche, je trouve le moment beaucoup moins drôle quand l’écran  affiche « livraison terminée ». Bien sûr, c’est logique. Les voyageurs ont récupéré leur bien, la livraison est terminée. Sauf qu’il manque une valise. Et je peux l’affirmer avec autant de certitude que c’est la mienne. 

Dans mes aller-retours dubitatifs entre les différents tapis et le comptoir des bagages perdus, j’écarte la possibilité qu’elle soit restée à Paris. Elle aime trop voyager. Je suis en train de me remémorer les vols concomitants au mien quand la réalité me frappe comme une évidence.

Ma valise a décidé de faire le tour du monde sans moi. 

Si j’avais su qu’elle en avait envie, on en aurait discuté. On aurait élaboré un itinéraire, ou plusieurs itinéraires possibles, ou rien de précis si elle préférait l’aventure. Mais non. Elle a préféré se la jouer individualiste et ma planter là, dans un aéroport à l’ombre d’un volcan. 

En jean et baskets par 40°, seule la clim me maintient debout devant le comptoir des valises perdues. « Lost and Found ». « Lost », c’est fait. Tout mon espoir se concentre sur le « Found ».

Il y avait un vol pour Athènes exactement à la même heure que le mien. Thésée, le Pirée, les jeux olympiques… Rio lui aura donné des idées. Pour commencer, elle remonte aux sources. Tiens, j’ai le sentiment qu’elle est en pleine visite de l’Acropole…
Jeux olympiques

mardi 12 juillet 2016

Par magie

J’ai été voir un spectacle de magie.

J’ai vu des cartes se retourner pile sur celle que le public avait deviné. 9 de trèfle. Moi, j’aurais choisi du coeur. Parce que c’est ce qu’il y a de plus important. Mais peut-être que si j’avais participé au numéro, le magicien aurait aussi lu dans mes pensées et retourné ma carte.

J’ai vu des danseuses toucher la terre et le ciel en même temps. 

Des balles transpercer le noir de la nuit dans une hypnose circulaire.

Des méduses de plastique onduler au dessus de bouches tellement ouvertes que les bulles qui en sortaient formaient des montgolfières.

J’ai vu les minutes et puis j’ai été aveugle du temps.

En sortant, je me suis demandée quelle sensation ça faisait d’être une coccinelle échappée d’un chapeau haut de forme.

Je crois que c’est un peu comme le début des vacances, quand on ouvre les yeux et qu’on se retrouve éblouie par la douceur de la mer et portée par la chaleur du vent.

haut de forme oublié sur la plage

La magie des vacances



mardi 7 juin 2016

Regarde un peu le soleil

J’ai rencontré une dame avec un parapluie qui n’arrêtait pas de râler.

J’ai rencontré un monsieur avec ses lunettes à la main qui était dans le mépris constant des autres.

J’ai rencontré un autre monsieur avec le sourire à l’envers qui renversait tout ce qui était dit en négatif.


J’ai senti que tous ceux-là m’épuisaient. Que les sentiments après lesquels ils courraient étaient teintés de gris opaque. Qu’on ne recherchait pas le même bonheur.


Je préfère regarder le soleil et me laisser envahir par ses rayons.

Je préfère échanger un sourire,
un rire des yeux, un rire du coeur.

Je préfère écouter pleinement plutôt que de rester enfermée dans mes pensées.

Je préfère donner plutôt que de chercher à prendre et à garder.

Je préfère découvrir sans a priori.

Comprendre la nécessité de la pluie qui tombe, sentir qu’elle nous régénère. 

Accepter le gris bleuté des nuages comme un cocon dans lequel il est bon de se blottir.

Marcher pour se laisser traverser par l’air.

Plus je chéris cette énergie, plus elle me chérit à son tour. Nous dansons sur un sommet de lumière et jouons avec nos joies éternelles.


Regarde un peu le soleil. Parfois, il brille de manière plus subtile. Mais même si tu ne le vois pas, il est là.

pluie de coeurs

samedi 30 avril 2016

La nuit

Tu sais quand la nuit nous parle.

Elle nous chuchote des choses qu'on ne voudrait pas entendre. Des choses qu'on laisse loin derrière soi pour qu'elles ne soient plus réelles.

Dans cette nuit, il n'y a plus de couleurs. Plus de repères habituels.

Suivre son instinct. Avancer à travers le craquement des branches tombées et le coassement des grenouilles. Avancer. D'apnées en surprises. On apprend à ouvrir les yeux.

Je peindrai des arbres aux troncs blancs pour me repérer dans la nuit.





arbres aux étoiles

mardi 29 mars 2016

Le printemps, Pâques... Tout ça, tout ça...

Je trouve que l’arrivée du printemps est toujours un peu brutale.

Un jour, je me lève. Il fait nuit.

Le lendemain, je me lève. Il fait jour. Ça fait du bien au moral.

Une semaine après, on change d'heure. Je me lève. Il fait encore plus jour. Je ne m'émerveille plus sur le bleu du ciel mais sur le violet de mes cernes révélé soudainement au grand jour alors que je ne suis même pas encore assez réveillée pour ne pas faire un bond devant la glace en apercevant mon reflet.

Il reste une chose.

Le chocolat pour oublier.

Car oui, préparer l’été, c’est aussi accepter le passage en roue libre qu’est Pâques.

Opération chasse aux œufs.

J'ai rassemblé les poulettes, lapins, poissons et tortues en chocolat des boulangeries devant lesquelles je suis passée ces derniers jours. J’ai facilement trouvé où ils se cachaient. En me dirigeant vers chez moi, j’en viens à l’évidence: aucune utilité de les disperser à nouveau car, en fin de compte, la meilleure cachette, c’est bien dans mon estomac.

Pâques ou la poulette de l'aube

La poulette de l'aube


lundi 14 mars 2016

La centième

La centième fois que la roue du skate a tourné sur le sol, j’ai levé des yeux qui tournaient encore, et j’ai laissé échapper un « olala ».


La centième fois que j’ai pensé à un canard, il était tout bleu.

La centième fois que j’ai bu un diabolo menthe, j’ai tout gardé dans ma bouche, puis je l’ai craché au pied de mon voisin et lui ai demandé: « Ça bulle? ».

La centième fois que j’ai glissé, je me suis répété que je pouvais m’arrêter et me relever n’importe où.

À la centième minute, j’ai soupiré.

À la centième lune, j’avais les yeux engourdis.

À la centième chouette qui passait en bicyclette, je suis montée sur le porte-bagage avec des faux-cils et une loupe.

La centième fourmi qui faisait la queue au stand de glace s’est dit qu’elle préférait les mirabelles fraîches.

La centième paillette d’or que le soleil avait laissé accrochait une paillette de gel.


La centième cloche a sonné, j’ai tourné une page.


blue rêve

100