mardi 12 juillet 2016

Par magie

J’ai été voir un spectacle de magie.

J’ai vu des cartes se retourner pile sur celle que le public avait deviné. 9 de trèfle. Moi, j’aurais choisi du coeur. Parce que c’est ce qu’il y a de plus important. Mais peut-être que si j’avais participé au numéro, le magicien aurait aussi lu dans mes pensées et retourné ma carte.

J’ai vu des danseuses toucher la terre et le ciel en même temps. 

Des balles transpercer le noir de la nuit dans une hypnose circulaire.

Des méduses de plastique onduler au dessus de bouches tellement ouvertes que les bulles qui en sortaient formaient des montgolfières.

J’ai vu les minutes et puis j’ai été aveugle du temps.

En sortant, je me suis demandée quelle sensation ça faisait d’être une coccinelle échappée d’un chapeau haut de forme.

Je crois que c’est un peu comme le début des vacances, quand on ouvre les yeux et qu’on se retrouve éblouie par la douceur de la mer et portée par la chaleur du vent.

haut de forme oublié sur la plage

La magie des vacances



mardi 7 juin 2016

Regarde un peu le soleil

J’ai rencontré une dame avec un parapluie qui n’arrêtait pas de râler.

J’ai rencontré un monsieur avec ses lunettes à la main qui était dans le mépris constant des autres.

J’ai rencontré un autre monsieur avec le sourire à l’envers qui renversait tout ce qui était dit en négatif.


J’ai senti que tous ceux-là m’épuisaient. Que les sentiments après lesquels ils courraient étaient teintés de gris opaque. Qu’on ne recherchait pas le même bonheur.


Je préfère regarder le soleil et me laisser envahir par ses rayons.

Je préfère échanger un sourire,
un rire des yeux, un rire du coeur.

Je préfère écouter pleinement plutôt que de rester enfermée dans mes pensées.

Je préfère donner plutôt que de chercher à prendre et à garder.

Je préfère découvrir sans a priori.

Comprendre la nécessité de la pluie qui tombe, sentir qu’elle nous régénère. 

Accepter le gris bleuté des nuages comme un cocon dans lequel il est bon de se blottir.

Marcher pour se laisser traverser par l’air.

Plus je chéris cette énergie, plus elle me chérit à son tour. Nous dansons sur un sommet de lumière et jouons avec nos joies éternelles.


Regarde un peu le soleil. Parfois, il brille de manière plus subtile. Mais même si tu ne le vois pas, il est là.

pluie de coeurs

samedi 30 avril 2016

La nuit

Tu sais quand la nuit nous parle.

Elle nous chuchote des choses qu'on ne voudrait pas entendre. Des choses qu'on laisse loin derrière soi pour qu'elles ne soient plus réelles.

Dans cette nuit, il n'y a plus de couleurs. Plus de repères habituels.

Suivre son instinct. Avancer à travers le craquement des branches tombées et le coassement des grenouilles. Avancer. D'apnées en surprises. On apprend à ouvrir les yeux.

Je peindrai des arbres aux troncs blancs pour me repérer dans la nuit.





arbres aux étoiles

mardi 29 mars 2016

Le printemps, Pâques... Tout ça, tout ça...

Je trouve que l’arrivée du printemps est toujours un peu brutale.

Un jour, je me lève. Il fait nuit.

Le lendemain, je me lève. Il fait jour. Ça fait du bien au moral.

Une semaine après, on change d'heure. Je me lève. Il fait encore plus jour. Je ne m'émerveille plus sur le bleu du ciel mais sur le violet de mes cernes révélé soudainement au grand jour alors que je ne suis même pas encore assez réveillée pour ne pas faire un bond devant la glace en apercevant mon reflet.

Il reste une chose.

Le chocolat pour oublier.

Car oui, préparer l’été, c’est aussi accepter le passage en roue libre qu’est Pâques.

Opération chasse aux œufs.

J'ai rassemblé les poulettes, lapins, poissons et tortues en chocolat des boulangeries devant lesquelles je suis passée ces derniers jours. J’ai facilement trouvé où ils se cachaient. En me dirigeant vers chez moi, j’en viens à l’évidence: aucune utilité de les disperser à nouveau car, en fin de compte, la meilleure cachette, c’est bien dans mon estomac.

Pâques ou la poulette de l'aube

La poulette de l'aube


lundi 14 mars 2016

La centième

La centième fois que la roue du skate a tourné sur le sol, j’ai levé des yeux qui tournaient encore, et j’ai laissé échapper un « olala ».


La centième fois que j’ai pensé à un canard, il était tout bleu.

La centième fois que j’ai bu un diabolo menthe, j’ai tout gardé dans ma bouche, puis je l’ai craché au pied de mon voisin et lui ai demandé: « Ça bulle? ».

La centième fois que j’ai glissé, je me suis répété que je pouvais m’arrêter et me relever n’importe où.

À la centième minute, j’ai soupiré.

À la centième lune, j’avais les yeux engourdis.

À la centième chouette qui passait en bicyclette, je suis montée sur le porte-bagage avec des faux-cils et une loupe.

La centième fourmi qui faisait la queue au stand de glace s’est dit qu’elle préférait les mirabelles fraîches.

La centième paillette d’or que le soleil avait laissé accrochait une paillette de gel.


La centième cloche a sonné, j’ai tourné une page.


blue rêve

100

mercredi 24 février 2016

Chlore

Plus que quelques mouvements de bras avant de toucher le bord du bassin. Si ce n’était pas par obligation, c’est sûr que je serais à des kilomètres de ce bouillon de chlore.

On reste concentré, personne n’a pied à cet endroit à part les géants aux petits pois. D’ailleurs les géants aux petits pois ont plus que pied ici, puisque ce qui me sert de récipient aquatique pour faire des longueurs toujours plus longues à mes yeux ne leur serait pas d’une grande utilité à part pour une trempette d’orteils poilus.

Zut, où est passé ma clé de vestiaire??? Elle était accrochée à un bracelet, qui était lui-même attaché à ma cheville. Je me redresse, je touche ma cheville, plus rien. Je regarde. Plus de bracelet jaune. Comment ça, plus de bracelet… Ce n’est pas possible! Je ne peux tout simplement pas vérifier le moindre mètre carré de piscine! Je fais du surplace en tentant de maîtriser mon rythme cardiaque. Je tourne la tête affolée à droite et à gauche. De loin, quelqu’un crie quelque chose. Un bruit plutôt strident me parvient diminué à travers la ouate de mon angoisse et mon pouls qui résonne dans mes oreilles.

Il n’y a qu’une solution: plonger. En espérant qu’il est dans les parages. Je prends une grande inspiration et disparais sous l’eau.Heureusement, je l’aperçois assez vite et le récupère. J’entame ma remontée et franchis la surface, le bracelet porté au bout de mon bras de manière victorieuse. 

J’ai bien droit à une petite pause, d’autant plus qu’il n’y a plus grand monde autour de moi. Je relève mes lunettes et les bords de mon bonnet.

Soudain, des sifflements effrénés me font opérer un volte-face vers le bord du bassin. Le sifflet rouge du maître nageur semble au bord de l’explosion. Comme si j’étais réticente à retrouver la terre ferme, il continue à me crier:

« MADEMOISELLE, IL FAUT SORTIR DU BASSIN!!! ON FERME!!!!!!»


C'est sur que j'allais pas y dormir, dans ton bassin! Je ne serais pas en train de faire une démonstration de sirène si les clés de vos vestiaires n’étaient pas en plastique qui glisse. Crapaud, va...

Jamais sans mon bracelet!

dimanche 31 janvier 2016

Les garçons à la peau douce

On se fait toujours avoir.

Sous le choc, on s’entend souffler des compliments tels que « Ta peau est incroyablement douce… encore plus que la mienne, c’est fou! ».

Mais un jour, j’ai fait des regroupements de souvenirs et d’idées. Et ça a fait « tilt ».

J’ai remarqué qu’à chaque fois qu’un garçon avait la peau trop douce, il allait à la piscine.

Ma conjecture est donc la suivante: ils n’ont pas la peau super douce parce qu’ils ont des gènes exceptionnels et que la nature en a fait des dieux vivants. Non non non non non. Leur peau est douce à cause du chlore. Autrement dit, le chlore leur a brûlé l’épiderme.

Alors moi, je préfère me gommer les mollets avec de la purée d’avocat mélangée à du sucre, du miel et tout ce qui me passe sous la main en imitant la démarche d’E.T. devant la glace (« téléphone maison »… Oui, j’imite aussi sa voix. Oui, non-stop pendant une heure) plutôt que de me mettre en maillot pour me brûler la peau!

5 fruits et légumes par jour, à manger ou à se tartiner
La balance de la douceur