vendredi 1 mai 2015

Un vrai poisson breton


Pâques et son week-end de trois jours, je rends visite à mon ami Poissonou the Fish en Bretagne.

J’arrive sur le port et repère la pointe de son bonnet frétillant au gré de la houle sur sa peau tannée de marin.

Après une embrassade qui sent le plancton, nous nous promenons au fil des années et des marées, gommage de la plante des pieds au sable fin en prime. Derrière son air de vieux loup de mer, il me livre une multitude d’anecdotes dont certaines lui tirent un sourire de sacré coquin. C’est comme ça qu’on s’est toujours compris, Poissonou et moi.

En passant devant le fumoir de haddocks, Poissonou se laisse emporter par le parfum du souvenir des fumeries d’opium de Saïgon et ses années de bourlingue au large. Depuis, c’est le monde qui vient à lui, les courants ramenant dans les baies leur lot de trésors.

Mes cheveux s’accordent un brushing aux quatre vents. L’air me farde les joues. L’iode me requinque les poumons. J’écoute ce capitaine des voiles me raconter comment il grimpe de rocher en rocher, porté par les vagues, sans filet de sauvetage. La température de l’océan lui palpite les écailles, mais il tient le cap. Un poisson breton, c’est pas fait en chocolat d’eau douce.

Littéralement saoulée par l’air, je me sens sabordée par un sérieux coup de barre. Il m’entraîne manger une crêpe aux pommes caramélisées au beurre salé et flambée au lambig, le tout accompagné d’une énième bolée de cidre depuis mon arrivée.

Pour digérer, il plonge près de la roche, se laisse un peu tanguer à la surface et file saluer ses amis homards. Je le vois disparaître à travers l’écume et lui glisse un dernier clin d’œil avant de m’éloigner.

L'activité du port, où les bonnets jaunes sont essentiels
 

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