lundi 18 novembre 2013

L’intimité des voyages en train


Les voyages en trains ne me déplaisent pas. Cependant, à chaque fois que j’en entreprends un, je suis surprise par cette atmosphère d’intimité partagée avec mes voisins les plus proches.

Comme si passer 3h à sillonner les campagnes françaises relevait d’une aventure. Les participants développent instinctivement un lien entre eux, que ce soit de l’animosité ou une certaine connivence, voire de la solidarité. Les voyages en train, c’est une sorte de Hunger Games. La seule différence, c’est une qu’on en ressort vivant. A priori.

Enfin, quand je dis solidarité, le concept est tout à fait limité. Libération de la condition féminine oblige, ne vous attendez pas à voir débarquer un beau gentleman qui propose de monter votre énorme valise dans l’espace de rangement au dessus de votre siège. Entre nous, j’espère toujours. Ça  m’éviterait de me trémousser les fesses devant des inconnus.
Heureusement que ma taille colle à cette condition moderne et me permet d’envoyer valser ma valise là-haut. Il y a parfois des ratés, mais, Monsieur, au lieu de vous plaindre d’avoir été assommé, vous n’aviez qu’à proposer de m’aider ! Vous insinuez que je l’ai fait exprès ??! Ben voyons… Cela dit, votre réaction me donne bien envie de recommencer, en le faisant exprès cette fois-ci.

Le pire de l’intimité forcée arrive dans les vieux ter. Vous savez, ceux qui possèdent encore des compartiments dont on peut fermer la porte. Assis face à face et à force de regards croisés, les passagers se pensent obligés de faire salon.
- Tiens, on va prendre une photo de l’ami.
Je précise que l’ami en question - que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam - est endormi, bonnet enfoncé jusqu’au nez, bouche ouverte, tête renversée sur le côté. À son pur avantage.
- Ça fera un souvenir de tournée ! Il est pas beau comme ça, hein ?!

À bien considérer les choses, je préfère encore l’humour lourdeau de mes musiciens que les regards inquisiteurs de mon voisin de droite qui croit - à bon escient - que j’espionne l’écran de son téléphone portable. Franchement, mes photos à moi sont un peu plus palpitantes.

L’expérience a aussi des aspects positifs. Ayant la fâcheuse habitude de sauter dans un train au moment où le chef de gare en sonne le départ imminent, je ne suis jamais certaine à 100% de m’être embarquée pour la bonne direction. La dernière fois que ça m’est arrivé, j’étais bonne pour le remake de Filles perdues, cheveux gras. J’avais dormi 4h après une soirée, ma tête criait au massacre, peut-être même que des vapeurs d’alcool s’échappaient de mes yeux explosés. Je me suis engouffrée dans le premier compartiment venu. La seule voyageuse présente a relevé le nez de sa compote pour m’observer avec compassion à travers sa frange. Tout ce dont j’avais besoin, elle me l’a apporté comme un oiseau montre son nid à un oisillon: la confirmation que nous nous dirigions bien vers Paris. À  partir de là, elle fut la confidente de mon sommeil d’after-party.

Souriez, vous êtes épiés
Espionnage et scoops dans les wagons

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