Mes
paupières oscillent sous le poids de la chaleur. Je m’endors pour une sieste
bronzette. J’entrouvre les yeux. Crêpe humaine assumée, je vais désormais me
faire dorer le dos.
À
peine ai-je commencé à me tourner que je m’arrête en plein mouvement et
grimace. De la roche volcanique ! J’ai oublié sur quoi je suis allongée.
C’est vrai qu’une fois les aspérités comblées grâce à tous les bouts de tissus
existants dans mon sac - mon sac y compris -, ça va tant que je ne bouge pas.
Tant pis pour l’uniformisation du bronzage. De face, j’aurai l’air de revenir
des Canaries. De dos, du cercle polaire.
Je
me lève pour me baigner. Je ne viens quand même pas à la mer pour des
cacahouètes. D’ailleurs, comment font les gens pour faire trempette ici ?!
Ils semblent sauter… Oui, mais pour remonter ? Je ne vois pas d’échelle.
Je souhaite cependant ne pas finir comme une vieille sardine fripée incapable
de regagner ses pénates.
Le
mieux est d’observer.
Je
chausse mes lunettes noires, revêts mon chapeau de paille et feins de m’occuper
en tripotant mon maillot. Derrière mon attirail, je garde les yeux rivés sur
les potentiels baigneurs autour de moi. Ils ne sont pas 50, mais il y en a bien
un qui va finir par avoir trop chaud. Tiens, en voilà une. Elle saute. Ça, ça
va. J’ai intégré qu’il fallait se mouiller. Elle barbotte à gauche, à droite.
Très bien. Elle remonte quand ? Histoire que je comprenne le
système ?!! J’en ai un peu marre de faire semblant de remettre mon maillot
en place… Les gens vont croire que j’ai des tocs. Ah, voilà, elle s’approche.
Elle… Elle… Elle escalade la roche en s’aidant de l’impulsion donnée par les
vagues… Olala…
Je
refuse de voir la fin de la manœuvre et m’approche du bord. Faîtes que je ne
m’écrase pas contre un rocher, je ne sais pas comment on dit « emmenez-moi
à l’hôpital » en italien. Encore moins en sicilien. En même temps, si je
m’assomme et que mon corps remonte à la surface, je n’aurai rien besoin de
balbutier pour qu’on me ramasse dans un filet de pêche comme un daurade en
pleine saison, et qu’on me ramène sur la terre ferme. Le contact avec le
confort extrême me ranimera à coup sûr. En définitive, j’ai bien fait de ne pas
apprendre les formules d’urgence la veille de mon départ et d’aller acheter un
nouveau bikini à la place.
Je
saute.
Emplie
de fierté de ne pas m’être fracassée le crâne et d’avoir réussi à imiter une
grenouille plus ou moins agile pour remonter, je lézarde un instant quand je
sens le soleil décliner. Précision. Je suis moins inquiète du rythme du soleil
que du départ du dernier bus. Je suis attendue pour manger une pizza,
moi !
Ma
dernière interrogation me fouette le visage sans ménagement. Comment donc se
changer avec un vent à décorner les bœufs sans lancer un mouvement
nudiste ???
C’est
l’heure de ma confession. Lisez bien, je ne l’écrirai pas deux fois.
Au
final, il est très pratique de ne pas être seule en Sicile. Même quand on veut
méditer sur la plage. Même quand on veut acheter une bouteille d’eau*.
Baci.
Baci.
Ps :
à ce stade, j’ai plus que mérité ma pizza.
*cf
chronique précédente, Le sens de la
famille
Arrivederciiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!!!!!!
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