Les
voyages en trains ne me déplaisent pas. Cependant, à chaque fois que j’en
entreprends un, je suis surprise par cette atmosphère d’intimité partagée avec
mes voisins les plus proches.
Comme si
passer 3h à sillonner les campagnes françaises relevait d’une aventure. Les
participants développent instinctivement un lien entre eux, que ce soit de l’animosité
ou une certaine connivence, voire de la solidarité. Les voyages en train, c’est
une sorte de Hunger Games. La seule
différence, c’est une qu’on en ressort vivant. A priori.
Enfin,
quand je dis solidarité, le concept est tout à fait limité. Libération de la
condition féminine oblige, ne vous attendez pas à voir débarquer un beau
gentleman qui propose de monter votre énorme valise dans l’espace de rangement
au dessus de votre siège. Entre nous, j’espère toujours. Ça m’éviterait de me trémousser les fesses
devant des inconnus.
Heureusement
que ma taille colle à cette condition moderne et me permet d’envoyer valser ma
valise là-haut. Il y a parfois des ratés, mais, Monsieur, au lieu de
vous plaindre d’avoir été assommé, vous n’aviez qu’à proposer de m’aider !
Vous insinuez que je l’ai fait exprès ??! Ben voyons… Cela dit, votre
réaction me donne bien envie de recommencer, en le faisant exprès cette
fois-ci.
Le pire de
l’intimité forcée arrive dans les vieux ter. Vous savez, ceux qui possèdent
encore des compartiments dont on peut fermer la porte. Assis face à face et à
force de regards croisés, les passagers se pensent obligés de faire salon.
- Tiens,
on va prendre une photo de l’ami.
Je précise
que l’ami en question - que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam - est endormi, bonnet
enfoncé jusqu’au nez, bouche ouverte, tête renversée sur le côté. À son pur
avantage.
- Ça fera
un souvenir de tournée ! Il est pas beau comme ça, hein ?!
À bien
considérer les choses, je préfère encore l’humour lourdeau de mes musiciens que
les regards inquisiteurs de mon voisin de droite qui croit - à bon escient -
que j’espionne l’écran de son téléphone portable. Franchement, mes photos à moi
sont un peu plus palpitantes.
L’expérience
a aussi des aspects positifs. Ayant la fâcheuse habitude de sauter dans un
train au moment où le chef de gare en sonne le départ imminent, je ne suis
jamais certaine à 100% de m’être embarquée pour la bonne direction. La dernière
fois que ça m’est arrivé, j’étais bonne pour le remake de Filles perdues, cheveux gras. J’avais dormi 4h après une soirée, ma
tête criait au massacre, peut-être même que des vapeurs d’alcool s’échappaient
de mes yeux explosés. Je me suis engouffrée dans le premier compartiment venu.
La seule voyageuse présente a relevé le nez de sa compote pour m’observer avec
compassion à travers sa frange. Tout ce dont j’avais besoin, elle me l’a
apporté comme un oiseau montre son nid à un oisillon: la confirmation que
nous nous dirigions bien vers Paris. À
partir de là, elle fut la confidente de mon sommeil d’after-party.
Souriez, vous êtes épiés
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