J’ai une boîte en carton rayée blanche et verte avec un couvercle tout
vert.
Cette boîte en carton, c’est un peu comme ma petite maison. Une petite
maison aux mille surprises. J’y mets tout ce dont j’ai besoin et tout ce qui me
touche doit y faire un tour. Je préviens d’ailleurs mes amis qu’ils risquent
d’y passer un jour. Je vous assure qu’elle a une contenance extraordinaire. Il
ne faut pas avoir peur de cette petite boîte, elle est mon amie, mon alliée, ma
confidente.
Je suis sûre qu’elle voit tout ce qui se passe autour. Elle a des yeux
cachés. Des amandes rayées.
C’est une petite boîte très intelligente. Elle connaît la notice de
tous les médicaments qu’elle loge et a lu tous les carnets de voyage et livres
de poésie que je lui ai prêté. Même Aragon ne l’a pas intimidée, elle est folle
d’Elsa à son tour. La dernière fois que j’ai écouté son cœur battre, j’ai cru
comprendre qu’elle désirait ardemment découvrir la Colombie. J’ai eu beau la
réfréner, lui faire comprendre qu’on pouvait être kidnappé comme un rien
là-bas, elle m’a répondu que, dans sa vie de carton, mourir détrempée par une
pluie tropicale était une solution qu’elle envisageait. Elle a du apercevoir la
lueur d’angoisse qui est passée dans mes yeux car elle s’est empressée de me
rassurer en me disant que ce n’était pas pour tout de suite. Moi, je la trouve
plutôt en forme ma petite boîte.
Elle s’entretient avec des rubans de toutes les couleurs et des
miroirs de toutes les humeurs. Elle écrit ses mémoires avec de l’encre que je
lui donne. Elle fait l’Espagnole avec des castagnettes. Avec mes radios, des
fois, elle s’invente même un squelette …
Elle veille sur mon petit monde qui est devenu son petit monde comme
une maman poule couve ses œufs.
Supercalifragilisticexpialidocius, voilà un nouvel ami!
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