La bonne idée que
de donner des cours particuliers pour se faire un peu de sous ! J’ai
d’abord pensé que ça pouvait être plus enrichissant, intellectuellement
parlant, que bien d’autres petits boulots alimentaires. Ça me ferait revoir les
bases dans plusieurs matières (autant proposer large pour avoir plus de chance
d’obtenir des propositions de cours), des cas allemands, base de la base de la
pyramide grammaticale germanique, aux figures de style obscures qui
apparaissent une fois par siècle dans une certaine littérature française
élitiste en passant par la conjugaison anglaise. L’enthousiasme me portait
tellement que j’étais prête à me mettre à la chimie et à apprendre le tableau
de Mendeleïev recyclé en brouillon dès la première seconde de la première heure
du premier jour où on me l’avait remis entre les mains il y a un peu plus de
quelques années, à croire que Saint Einstein s’était absenté de la classe ce
jour-là. Comme tous les autres jours d’ailleurs. Ceci étant une autre histoire,
vous pouvez cependant remarquer à quel point la fibre pédagogique (parler de
« tentation » m’a semblé un terme légèrement trop exalté) s’était
emparée de moi. D’autant plus que cet aspect pédagogique amènerait une
expérience humaine ne relevant pas de l’animation.
La question qui
s’est posée après des lendemains de cours qui déchantent est la suivante :
Pourquoi, ô combien pourquoi, mon enthousiasme joue-t-il constamment au sprint
quand mon sens de la réalité tente miraculeusement de le suivre de loin, rouge
comme une tomate et essoufflé comme un diable d’avoir crié et envoyé moult
signaux de précaution au premier ?
On ne va pas se
fatiguer à essayer d’y répondre, c’est de nature, je pense.
Certes, cela me
permet de revoir certaines bases. Je réussis notamment à trucher aux moments où
je suis censée expliquer une notion oubliée en faisant diversion : tout en
m’indignant du fait que mon élève n’ait pas encore eu de leçon claire à ce
sujet par son professeur, je me dépêche de trouver la leçon en question dans
son manuel scolaire… Mais, en définitive, donner des cours particuliers revient
purement et simplement à de l’animation. Je retire donc ce que j’ai dit plus
tôt. Je peux vous assurer que je suis mise à rude épreuve quand je m’épuise de
dynamisme face à mon élève de 2nde piquant du nez devant une leçon sur l’accord
du participe passé, ne s’étant décidé à se coucher qu’après une partie de PS3
d’environ 7h la veille au soir ou que je m’épuise de patience devant ma petite
élève de CM2 qui trouve bien plus intéressant de choisir la couleur de ses
stylos que de recopier un tableau vite fait bien fait pour passer aux
exercices. Pour le coup, j’ai été prise à mon propre piège car j’avais coloré
le fameux tableau exprès pour le rendre plus attractif et c’est d’ailleurs la
seule raison pour laquelle elle a bien voulu le recopier à ce cours et non au
cours suivant. Tout ça pour être payée au lance-pierre par les organismes qui
mettent en place une véritable compétition de rapidité entre les différents
professeurs pour accepter un cours. Il n’est pas non plus négligeable d’ajouter
que certains parents se sentant seuls peuvent trouver en vous une bonne poire
d’oreilles…
Alors, plusieurs
fois par semaine, je prépare gaiement mes cours. Chargée de ma panoplie de
professeur, je pars de chez moi pour me métamorphoser, au final, en super
baby-sitter ou assistante sociale bénévole… Saint Einstein, venez moi en
aide !
Une petite piqûre de rappel pour vous réchauffer le cerveau ?
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Excellent! Ayant vécu cette situation, je ne peux qu'admirer la très exacte description que tu en fais! Ajoutons les cours annulés à la dernière minute, les élèves ayant "oublié" alors que vous êtes à la porte devant chez eux, et on obtient une très forte envie de prendre ses jambes à son cou, et à l'instar de Lullaby, de courir toujours!
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire, Mathilde! En effet, il y a également les oublis. Moi, la dernière fois, la mère, qui n'avait pas oublié du tout, m'avait laissé entrer. J'ai attendu quasiment 10 minutes dans le couloir, entendant la conversation de l'autre côté de la porte de la chambre: face à une mère gênée qui disait à sa fille de se dépêcher car sa prof était là, la petite, qui avait apparemment trouvé une occupation bien plus intéressante, répétait à chaque sollicitation un peu plus pressante: "Mais, quelle prof???!!!"... ....
RépondreSupprimerHahaha!!
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