Ca y est, des envahisseurs aux nationalités diverses et variées ont
débarqué. Quelques signes avant-coureurs me l’avaient bien fait remarquer, mais
j’en ai réellement pris conscience ces derniers jours.
Il y a d’abord eu ce jour où, ayant du temps devant moi et voulant
savourer le soleil radieux qui nous surplombait, j’ai souhaité éviter le métro
pour me rendre à pied à un autre endroit de Paris, ce qui me faisait une petite
ballade d’une heure environ. « Quelle idée ! », me direz-vous. En
effet, « Quelle idée ! » me dois-je de reprendre. D’une part,
j’ai eu droit à un brushing naturel extra résistant grâce à un vent force 4 que
j’avais sous-estimé. D’autre part, il a fallu que je me mette dans la peau
d’une championne de slalom pour parcourir la rue de Rivoli sur presque toute sa
longueur tellement les arcades attiraient les touristes à l’affût d’un Paris à
la Dumas ou d’un béret brodé d’une tour Eiffel.
Il y a ensuite eu ce jour où j’ai passé une heure debout dans un métro
bondé à un horaire suspect : 15h. En plein milieu d’après-midi, je suis
quasiment sûre d’avoir ma petite banquette en temps normal. Mais surtout,
j’étais entourée - pour ne pas dire encerclée – par tout un groupe
d’Australiens. J’ai pensé que ceux-ci devaient certainement être là depuis
quelques jours grand minimum car ils n’avaient pas l’air si fatigués. J’ai toujours
imaginé que, vu la longueur du vol, un Australien arrivant en France devait
souffrir d’un décalage horaire assourdissant. Eux étaient en forme si je m’en
fie à leur débit, et même en pleine forme si je m’en fie à leur volume sonore.
J’ai donc cru que j’allais, moi aussi, faire preuve d’ingérence et m’asseoir
sur leurs valises en équilibre instable qui menaçaient de m’écrabouiller les
orteils et me meurtrir les tibias à chaque secousse. Me concentrer pour lire
mon Jean Teulé releva du défi.
Il y a enfin eu ce matin où, par pur hasard, je traversai la cour
carrée du Louvre pour me rendre Rive gauche. À peine avais-je esquissé quelques
pas en longeant la pyramide que je crus être poursuivie par une horde de
paparazzis. Je me dépêchai alors de mettre mes lunettes de soleil et de baisser
mon chapeau sur les yeux quand la dizaine de cars garés me fit comprendre que
je me retrouverai vraisemblablement sur les innombrables photos de vacances
d’ « amis » japonais…
Une décision s’est imposée : à partir d’aujourd’hui et ce,
pendant quelques mois, je vais m’employer à éviter les lieux touristiques. Ce
que j’aime Paris…
Face aux obstacles terrestres, prendre de la hauteur
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